À l’approche de la rentrée scolaire et universitaire, le marché Lido des livres d’occasion, situé au cœur de Fès, retrouve son dynamisme. Véritable repère des intellectuels, étudiants et amateurs de manuscrits anciens, depuis le début des années 1990, ce marché se distingue par ses étals métalliques et ses piles de livres étalées à même le sol, reflétant l’héritage de la ville et la transmission de la culture.
Proche du campus universitaire de Dar El Mehraz, surnommé «la fosse», cet espace où l’on flâne sans compter le temps s’impose comme un lieu. On y retrouve l’odeur des vieux papiers mêlée aux voix des visiteurs arpentant les allées remplies d’ouvrages variés, principalement en arabe et en français, mais aussi en d’autres langues.
Outre les étudiants à la recherche de manuels académiques à prix abordables, le marché attire également des passionnés de romans ou d’ouvrages rares, introuvables dans les librairies modernes. Aya, étudiante universitaire, confie à Le360 qu’elle a pris l’habitude d’y venir avec son amie pour trouver des ouvrages liés à son domaine d’études. Elle y a même déniché, à plusieurs reprises, des éditions anciennes et rares qui ont éveillé son intérêt.
Issam, étudiant en psychologie à l’Université de Fès, souligne quant à lui: «Je trouve tous les ouvrages dont j’ai besoin à des prix bien plus accessibles que dans les librairies». Il salue au passage la souplesse des vendeurs qui proposent souvent d’échanger les livres contre une modique somme. Selon lui, malgré l’existence des versions numériques, l’expérience de lecture d’un livre papier reste irremplaçable.
Pourtant, les bouquinistes constatent que l’affluence n’est plus la même qu’autrefois. Mohamed, libraire installé depuis plus de 27 ans, rappelle que le marché a vu passer plusieurs générations d’étudiants, dont certains occupent aujourd’hui des postes de responsabilité. Si les manuels scolaires et les livres de soutien restent les plus demandés à l’approche de la rentrée, le libraire regrette le recul du marché, imputé principalement à l’essor d’Internet et des smartphones.
Mais au-delà de ce déclin relatif, les vendeurs dénoncent surtout les difficultés structurelles. Les échoppes en tôle manquent des conditions élémentaires d’organisation, ce qui nuit à la conservation des livres et aux conditions de travail des bouquinistes. Mohsen, vendeur depuis vingt ans, estime que le marché du Lido mérite une réhabilitation pour pouvoir continuer à promouvoir la lecture et la diffusion du savoir, à Fès comme ailleurs au Maroc.
À cet égard, les professionnels du marché ont créé en 2008 l’Association Al-Maârifa des livres d’occasion, pour défendre leurs intérêts et œuvrer à la réhabilitation de ce lieu. Leur ambition est d’en faire un espace attractif et valorisant le livre en tant que produit culturel nécessitant un soin particulier. Mais selon eux, leurs efforts ne suffisent pas: une intervention effective des autorités reste indispensable pour améliorer les infrastructures, garantir des conditions de travail dignes et préserver le rôle historique et symbolique du marché du Lido comme foyer vivant de la connaissance et de la culture au cœur de Fès.








