Au cours des derniers mois, plusieurs espaces verts de la ville de Fès, tout juste aménagés ou récemment réhabilités, sont devenus le sujet d’un débat public grandissant. Conçus pour offrir un lieu de détente aux familles et un espace sécurisé aux enfants, ces jardins souffrent aujourd’hui d’un manque criant de maintenance, d’une absence de surveillance et d’une dégradation accélérée de leurs installations.
Les aires de jeux, pourtant neuves, sont les plus touchées. Certaines ont été victimes de vols, d’autres d’actes de vandalisme répétés. «Les jeux, dès qu’ils commencent à s’abîmer, personne ne les répare… c’est désolant», déplore Sara Abdellaoui, une habitante du quartier, qui dit trouver désormais «des espaces verts beaux, mais des jeux complètement cassés». Pour elle, l’absence d’entretien prive les enfants d’espaces pourtant essentiels à leur développement.
Malgré les investissements conséquents engagés ces dernières années pour créer ou rénover des parcs, une grande partie d’entre eux présente un vieillissement prématuré. Une situation que les habitants attribuent à «l’absence de contrôle et de gardiennage», mais aussi à la rareté des espaces verts dans les quartiers densément peuplés, ce qui accroît la fréquentation et donc l’usure des installations.
Sur le terrain, l’indignation est palpable. Hakim Anouar raconte avoir amené ses enfants dans l’un de ces nouveaux jardins: «On est venus pour qu’ils jouent, mais comme vous voyez, tout est abîmé… Personne n’a réparé quoi que ce soit. Les enfants se retrouvent à jouer dans des installations dangereuses.»
Il pointe également la responsabilité d’une partie des usagers: «Le problème vient aussi des citoyens. Certains ne respectent pas ces lieux qui sont pourtant le seul espace où l’on peut respirer un peu.»
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La situation concerne même les jardins emblématiques de la ville, comme Lalla Meryem ou le parc du Rex, eux aussi touchés par le manque d’entretien. Au jardin Al Andalous à Oued Fès, plusieurs installations n’offrent plus aucune sécurité. Aïcha, une petite fille venue jouer avec son père, raconte: «On n’a trouvé nulle part où jouer… Toutes les aires sont cassées. Même ici. Les espaces verts sont rares et on en a vraiment besoin.»
Pour certains habitants, les parcs restent malgré tout indispensables, ne serait-ce que pour se retrouver en plein air. «On fait tout ce chemin pour venir dans ce parc… Il est grand et proche, mais l’aire de jeux est entièrement détruite», regrette Moukhlis, qui espère que les responsables «accorderont plus d’attention à ce jardin, parce qu’il mérite mieux que ça».
De son côté, Abdelhak El Hadrami, spécialiste des questions environnementales, observe un phénomène plus profond et plus inquiétant: «Les jardins récents comme Champs de Course, Al Andalous, Lalla Meryem… aucun n’est entretenu. On va accueillir la CAN, un événement international, avec des touristes étrangers.»
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Selon lui, la priorité aujourd’hui est de mettre en place des programmes d’entretien réguliers, de renforcer la surveillance, mais aussi de sensibiliser les citoyens à la protection de ces espaces «qui représentent la vitrine urbaine de Fès». Il insiste: «L’entretien des parcs n’est pas un luxe, c’est une nécessité écologique et sociale.»
Pour de nombreux observateurs, la ville ne pourra relever ce défi qu’en adoptant une vision durable: des parcs vivants, entretenus, accessibles à tous, où les habitants peuvent respirer et voir leurs enfants jouer en toute sécurité.








