La prison d’Alcalá-Meco, à Madrid, a été le théâtre, le samedi 23 décembre, d’une évasion digne d’un scénario de thriller hollywoodien. Elle a été orchestrée par Youssef Mohamed Lahrech, détenu d’origine marocaine âgé de 21 ans et accusé d’un double meurtre, dont celui d’un baron de la drogue de Ceuta tué par balles à Cadix, le 12 avril dernier.
Soupçonné d’être membre d’une organisation criminelle et classé comme détenu «avec surveillance spéciale», celui que l’on surnomme «El Pastilla» est pourtant parvenu à déjouer, avec autant d’audace que de facilité, les dispositifs de sécurité de l’établissement pénitentiaire madrilène.
Dans les murs de ce centre, conçu davantage pour réhabiliter des détenus que pour contenir les criminels endurcis, «El Pastilla» était placé dans le bloc pour jeunes, où il faisait montre d’une conduite exemplaire, ne rechignant pas à participer aux différentes activités de réhabilitation.
Mais derrière cette façade de détenu modèle, Youssef Mohamed Lahrech préparait secrètement un plan d’évasion des plus élaborés, dont il avait prévu l’exécution le samedi 23 décembre, la veille du réveillon de Noël. Et pour cause, la période des fêtes, qui connaît un nombre accru de visiteurs, mobilisant d’autant l’attention des gardiens, offrait une fenêtre de tir idoine. C’est ainsi que, «suite à une conversation dans le salon des visites avec ses proches», «El Pastilla» s’est glissé parmi les familles qui quittaient la prison, pour se fondre dans la masse avec une aisance déconcertante, relatent des médias espagnols.
Lire aussi : Settat: mise en échec d’une «grande évasion» à la prison Ain Ali Moumen
Dès que l’alarme a retenti, signalant la disparition du jeune détenu, une avalanche de critiques s’est abattue sur les responsables de la prison. Et rapidement, une enquête interne fut lancée, afin de démêler les circonstances de cette évasion spectaculaire.
Parmi les observateurs, certains pointent l’inexpérience de l’équipe de gardiens, insuffisamment formée et en sous-effectif, alors que d’autres incriminent des protocoles de sécurité désuets, restés fidèles aux méthodes traditionnelles de vérification d’identité.
Les autorités judiciaires et sécuritaires espagnoles se retrouvent aujourd’hui confrontées à une énigme digne d’un mauvais roman policier: comment un jeune détenu, accusé de deux meurtres et soupçonné d’appartenance à une organisation criminelle, avait-il réussi à se volatiliser et tromper ainsi une vigilance supposée infaillible? Affaire à suivre...