Don de sang: pourquoi les Marocains sont réticents

Jamila El Gordi, directrice du Centre régional de transfusion sanguine de Rabat et responsable de contrôle qualité au Centre national de transfusion sanguine et d’hématologie.

Le 05/04/2023 à 10h19

VidéoDe nombreux Marocains rechignent à donner de leur sang, alors que les besoins en cet élément qui peut sauver des vies sont grands. Nous en parlons avec Dr Jamila El Gordi, responsable de contrôle qualité au Centre national de transfusion sanguine et d’hématologie.

La satisfaction des besoins en produits sanguins est tributaire des dons de sang. Cependant, de nombreux Marocains hésitent à donner ce précieux liquide rouge. De quoi se faire du mauvais sang (sans jeu de mots).

Plusieurs fausses idées sont derrière cette réticence, comme le confirme Dr Jamila El Gordi, directrice du Centre régional de transfusion sanguine de Rabat et responsable de contrôle qualité au Centre national de transfusion sanguine et d’hématologie, que Le360 a interrogée. «Certains individus croient qu’en donnant du sang, le risque d’attraper un virus ou une bactérie augmente. Alors que ce n’est pas vrai. Le matériel avec lequel on travaille est stérilisé et ne représente aucun risque», précise-t-elle.

«D’autres croient que le sang est vendu. Ce n’est pas vrai. Les frais payés par le demandeur concernent la poche vide. La qualification du sang nécessite du matériel et des réactifs. Le demandeur ne paye qu’une partie de ces dépenses», indique notre interlocutrice.

Loin de représenter un quelconque danger pour la santé, comme certains pourraient le croire, cet acte noble est aussi un geste sain et présente de nombreux bénéfices, notamment sur le système cardiovasculaire. Il permet également de juguler les risques d’apparition des tumeurs.


Pour ce mois de ramadan, le Centre national de transfusion sanguine et d’hématologie s’est notamment rendu dans les mosquées pour aller vers les donneurs, précise Dr El Gordi.

Ces initiatives, qui entrent dans le cadre des partenariats conclus entre le centre et le ministère de l’Intérieur, le ministère des Habous et des affaires islamiques et la Fondation Mohammed VI pour la promotion des œuvres sociales des préposés religieux, semblent donner des fruits. Jusqu’à maintenant, les réserves de sang sont satisfaisantes. Au 3 avril 2023, le Centre national de transfusion sanguine et d’hématologie dispose de 4.400 poches de sang, affirme Dr El Gordi, soulignant que ce stock permet de couvrir cinq jours de consommation. Le challenge qui se pose alors est de pouvoir maintenir ce stock. Notons à ce titre que deux sites ont été ouverts récemment au Centre hospitalier Moulay Youssef de Rabat et à Bab Lamrissa, à Salé.

La situation est plus délicate pendant la période des vacances, l’été et la période de fin d’année. Ces périodes, pendant lesquelles le nombre de donneurs a tendance à chuter, sont un vrai casse-tête pour les collecteurs du sang, note notre interlocutrice. Ce geste noble est la responsabilité de tous afin de sauver des vies, rappelle Dr El Gordi. Toute personne âgée entre 18 et 60 ans (jusqu’à 65 ans pour les donneurs réguliers) est appelée à... retrousser les manches.

Par Ihssane El Zaar et Anas Zaidaoui
Le 05/04/2023 à 10h19