Alors que la pandémie de Covid-19 semble être le seul frein à une rentrée scolaire normale au Maroc en 2020 et que les débats qui font actuellement toutes les conversations portent sur le choix difficile à faire entre le présentiel ou le télé-enseignement, ce professeur du sud du Maroc nous rappelle qu’il est un autre virus qui entache le parcours académique de nombreux élèves au Maroc: l’abandon scolaire.
Il s’appelle Brahim Zouggagh, il est professeur d’anglais au lycée Taghbalt dans la région de Zagora et habite le village d'Almou N’Ait Izou, où il est revenu s’installer il y a de cela deux ans.
«Dans mon village, le phonème de l’abandon scolaire a atteint les 100% et touche plus vite les garçons» explique-t-il au le360. «Cette année, la classe de terminale ne comptait que deux filles et aucun garçon. L’année prochaine, nous n’aurons aucun élève», déclare-t-il, alarmé par la situation.
L'abandon scolaire qui touche de plein fouet son village, Brahim Zouggagh l’explique mais ne le comprend pas pour autant. «Les enfants disposent de bonnes conditions pour étudier, tout du moins du coté financier. En plus, le lycée est à proximité et le transport scolaire a aussi été mis en place» s’étonne ainsi le jeune professeur.
Alors comment expliquer la désertion des classes par les élèves, «même les plus brillants», et ce «dès le collège et à partir de l’âge de 15 ans», comme le précise Brahim Zouggagh? La réponse serait à chercher, selon lui, du côté de «l’envie de quitter le Maroc pour l’Europe, de quitter un environnement qui n’accorde que peu d’importance à l’école, des parents qui s’en fichent mais, aussi, l’influence des jeux sur téléphones portables». Un dernier motif qui n’est pas sans retenir notre attention. «En effet, ils jouent au lieu d’aller à l’école et réviser leurs cours» confirme l'enseignant.
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A chaque problème, une solutionFace à cette situation catastrophique, Brahim Zouggagh a décidé de prendre les choses en main et de tenter le tout pour le tout afin de faire retrouver le chemin de l’école à ces enfants désabusés. «En tant que professeur, ça me fait mal au coeur d'être face à une telle situation en 2020» confie-t-il. Il a donc décidé de créer une association pour contrer le problème de l’abandon scolaire.
«Nous avons commencé ce projet au début de la crise liée à la pandémie avec une collecte d’argent lancée auprès de particuliers du village, mais aussi de l’étranger. Et nous avons réussi à récolter près de 30.000 dirhams. Nous avons ainsi pu aménager un local dans le village et l’équiper», annonce le jeune professeur qui a œuvré seul pour mener à bien ce projet. Il a tout de même pu compter, en cours de route, sur l’aide de quelques jeunes du village.
Dans ce local, les enfants auront accès à des cours de programmation, de photoshop, de montage vidéo, de familiarisation avec l’outil informatique. Mais pas seulement... Brahim Zouggagh veut également leur enseigner les langues étrangères, le théâtre, l’entreprenariat, la lecture collective. Il se promet de tourner le dos à l’enseignement traditionnel pour adopter une méthode qui donnera envie aux enfants d’apprendre. «Nous voulons changer l’idée que les enfants se font de l’école qu'ils voient comme un endroit ennuyeux où l’enseignement est conditionné par l’autorité».
Pour lui, c’est le seul moyen de faire diminuer le taux d’abandon scolaire. Reste maintenant à cette jeune association pleine d’espoir et de bonne volonté à se munir de livres et d’ordinateurs. Pour cela, son fondateur compte sur la générosité et la solidarité de tout un chacun. A votre bon coeur...
Pour plus d’informations: Mail: mr.zouggagh@gmail.comLien vers la cagnotte en ligne: https://www.leetchi.com/fr/c/waneAOn5