Covid-19 au Maroc: vers un retour à la vie normale? Ce qu'en pense Tayeb Hamdi, médecin

Le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en systèmes et politiques de santé.

Le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en systèmes et politiques de santé. . DR

Au Maroc, la décrue rapide de la troisième vague de transmission du Covid-19 continue, et la circulation virale ralentit dans l'ensemble du territoire national. Un signe plutôt positif qui laisse penser qu'une vie normale pourrait reprendre son cours. Le pire de l’épidémie est-il derrière nous? Le point avec le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur.

Le 24/02/2022 à 20h31

Au vu du contexte sanitaire encourageant de ces derniers temps, Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, a fait part de ses projections sur un retour à une «vie normale», dans un avenir proche.

Au Maroc, en effet, le nombre des nouvelles contaminations a diminué de 52% entre la semaine du 14 au 20 février et celle qui l’a précédée (du 7 au 13 février). De son côté le taux de positivité hebdomadaire des tests a baissé de 7 à 3.5%. Des indicateurs positifs, qui laissent penser à un retour possible à des activités sociales sans trop de restrictions, tout comme dans d'autres pays, qui ont pu vacciner leur population à large échelle. 

Les efforts déployés et les sacrifices consentis par le Royaume dans la gestion interne de cette crise sanitaire, notamment en termes de taux de vaccination, pourraient ainsi être mis à profit pour enclencher une dynamique sociale et une reprise économique rapides.

Pour le Dr Tayeb Hamdi, un assouplissement, dès le début du mois de mars, serait souhaitable, avec une levée des restrictions sanitaires relatives aux voyages internationaux, accompagné d’une levée de l’obligation du port du masque dans les espaces ouverts.

A partir de la troisième semaine du mois de mars, il serait aussi question, selon ce chercheur, de supprimer l’obligation du port du masque dans les espaces clos aérés, et d’autoriser progressivement les grands rassemblements dans les espaces ouverts et intérieurs (par exemple pour les prières quotidiennes des Tarawih, pendant le Ramadan, mais aussi pour des fêtes, des funérailles). Les stades pourraient aussi rouvrir, projette le Dr Hamdi. 

Cependant, avertit ce médecin, le port du masque dans les espaces clos non aérés et au cours des grands rassemblements, ainsi que le respect de la distanciation sociale, doivent rester d’actualité, surtout lorsqu'il s’agit de personnes âgées et donc vulnérables, même si celles-ci sont vaccinées.

La protection sera donc le fait une approche individuelle, plutôt qu’une affaire collective. Selon cet expert, celle-ci «relèvera de la responsabilité individuelle, et chacun aura à choisir les outils qui composent son pack de protection, et le degré de celle-ci en fonction de ses besoins personnels, en tenant compte des personnes vulnérables de son entourage, dont l’immunité ne répond pas convenablement aux vaccins».

En revanche, les personnes n’ayant pas pu bénéficier d'une vaccination pour des raisons médicales, devront faire preuve d’une extrême vigilance, en veillant comme il se doit au respect rigoureux de l’ensemble des mesures barrières (distanciation sociale, port du masque et désinfection des mains).

De leur côté, puisque les enfants de mois de 11 ans, non vaccinés, courront toujours des risques de contamination et pourront facilement être rattrapés par le virus, «il serait donc judicieux d’ouvrir la possibilité de vaccination pour cette tranche d’âge dont les parents préfèrent l’immunité vaccinale aux risques de l’infection, des séquelles post-covid et du covid long», précise le Dr Tayeb Hamdi.

Quant au système de santé, il est grand temps qu'il revienne à ses fonctions premières: celles de prendre en charge l'ensemble les maladies et des programmes de préservation de la santé de la population. 

Pour le Dr Hamdi, «il est plus que nécessaire de remédier au retard qui a affecté un certain nombre d’interventions médicales en raisons de la pandémie, et de redéployer le personnel des centres dédiés à la vaccination, en limitant les effectifs, pour libérer les professionnels et leur permettre de rejoindre leurs services d’origine».

Aujourd'hui, la population aujourd'hui est convenablement immunisée, grâce à la vaccination ou après avoir contracté le virus, et en avoir guéri, est à un taux élevé. Des cas graves et des décès continueront cependant, signale ce médecin, à être enregistrés parmi les non-vaccinés, sans pour autant menacer la santé publique ou faire pression sur le système national de santé.

De ce fait, reconvertir les services et les lits de réanimation dédiés au traitement du Covid-19 vers leurs fonctions initiales, et désigner un hôpital par région territoriale pour abriter les services hospitaliers Covid, sont deux solutions que suggère ce chercheur en politiques et systèmes de santé.

Pour le Dr Taybe Hamdi, la vaccination et l'injection d'une troisième dose anti-Covid-19 demeurent la principale protection contre d'éventuelles contaminations, et permet aux personnes âgées et vulnérables de détenir un rempart d’immunité.

Un schéma vaccinal complet est synonyme de protection individuelle et collective. «Bénéficier de cette dose booster (troisième dose) aujourd’hui, nous permettra à tous de reprendre une vie normale grâce à la protection vaccinale et non au détriment des vies de citoyens qui ont hésité à se faire vacciner», explique, pour finir son propos, le Dr Tayeb Hamdi. 

Par Yousra Adli
Le 24/02/2022 à 20h31