Dans une publication sur sa page Facebook, le Pr Azeddine Ibrahimi, directeur de Medbiotech, laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de l’université Mohammed V à Rabat, répond aux questionnements de plusieurs Marocains, notamment à ceux se rapportant aux effets secondaires du vaccin anti-Covid-19, et aux critiques adressées au Comité technique et scientifique quant à ses recommandations au sujet de l’imposition du pass vaccinal pour l’accès aux établissements publics, semi-publics et privés, ainsi que pour voyager.
D’après le Pr Azeddine Ibrahimi, le processus de vie d’un vaccin passe par cinq étapes. Actuellement, le Maroc en est à la troisième, qui se caractérise par une perte de confiance des citoyens, d’où les multiples manifestations, sur les réseaux sociaux et dans les rues, contre le caractère obligatoire du pass vaccinal.
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«Personne ne peut nier qu'il existe des effets secondaires pour tous les médicaments et vaccins... Par conséquent, nous devons les limiter, et ne pas tendre à les exagérer. Oui, ils doivent être identifiés et les personnes qui en développent doivent être prises en charge, comme nous le faisons avec tous les médicaments et vaccins homologués. Cette période exceptionnelle, caractérisée par la perte de confiance des citoyens vis-à-vis du vaccin, est scientifiquement expliquée» écrit-il.
«Dans un article scientifique qui date de 1994, Chen R.T. présente les cinq étapes par lesquelles passe tout processus de vaccination de masse et leurs relations avec l’apparition d’effets indésirables. Un processus qui a ensuite été mis à jour par l’Organisation mondiale de la santé (OMS)», et qui peut être calqué sur l’évolution de l’épidémie actuelle liée au Covid-19. Les étapes du processus de vie d’un vaccin se présentent comme suit.
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La première étape est «la phase pré-vaccinale, qui précède l’introduction ou le développement du vaccin. Elle se caractérise par des morbidités et un taux de mortalité élevés causés par la maladie infectieuse. Puisque les vaccins ne sont ni disponibles ni utilisés, il n’y a pas d’évènements indésirables. Durant cette phase, les citoyens demandent le vaccin».
Au Maroc, cette période s’est étalée depuis mars 2020, date d’identification des premiers cas Covid-19 dans le pays, jusqu’en janvier 2021, ponctuée par le début de la campagne de vaccination dans le Royaume.
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Lors de la deuxième phase, les résultats de la recherche mentionnent qu’«après l'introduction d'un vaccin efficace pour prévenir contre un virus particulier, en l'occurrence ici le Covid-19, une augmentation du taux de vaccination entraîne une diminution de l'incidence, mais les effets secondaires attendus commencent à apparaître. Paradoxalement, c'est juste au moment où les bénéfices du vaccin sont les plus apparents et la couverture médicale la plus élevée, que les inquiétudes en matière de sécurité vaccinale ont plus de chance d'augmenter chez le grand public».
Dans la troisième phase, qui est celle de «la méfiance, caractérisée par la perte de confiance des citoyens vis-à-vis du vaccin, et par laquelle passe aujourd’hui le Maroc, la focalisation accrue sur les effets secondaires après la vaccination, qui est souvent intensifiée par la couverture médiatique d’un ou de plusieurs cas signalés, principalement sur les réseaux sociaux, peut conduire à une perte de confiance du grand public dans le vaccin et une baisse de la couverture médicale, entraînant souvent une réapparition de la maladie à des niveaux supérieurs voire épidémiques».
La quatrième phase, quant à elle, connue comme une «phase de la restauration de la confiance, c’est la résurgence de l’épidémie maladie, et la disponibilité des vaccins, incitant les citoyens à accepter de nouveau la vaccination. Ceci se traduit par une augmentation du taux de couverture vaccinale, et une réduction de la maladie à des niveaux faibles».
Quant à la cinquième étape, et «pour s’assurer que ce cycle ne se répète pas, il est indispensable de mettre en place un dispositif de communication fluide et surtout approprié. Dans ce sens, tout problème de sécurité vaccinale nécessite des efforts de détection, d'évaluation et de réponse en temps opportun pour gagner et maintenir une grande confiance du public».
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Par ailleurs, le Pr Azzedine Ibrahimi n’a pas hésité à répondre aux critiques adressées au Comité national technique et scientifique. Plus loin dans son post Facebook, le praticien exprime sa colère envers les acteurs de la société civile qui s'attaquent à ladite commission.
«Où était votre sens de la civilité pendant les déboires et répercussions de la pandémie? Où étiez-vous pendant les saisons d'hiver, de printemps et de l'été 2020 lorsque le Covid-19 tuait des Marocains par milliers? Où étiez-vous quand le peuple appelait au secours? Où étiez-vous lorsque les gens ont demandé de l'aide pour l'encadrer... Nous étions et sommes toujours présents auprès du citoyen... Nous avons partagé avec lui nos connaissances, peurs et optimisme... Nous avons beaucoup donné et sacrifié en plein volontariat afin de plaider pour les Marocains et leurs droits, dont le plus important est leur droit à la vie et à l'information. Nous avons prouvé que le Maroc, avec son Roi, son peuple et ses compétences, est capable de relever le défi face à la crise... Nous mettons à exécution ce que nous disons, ce en quoi nous avons foi et ce que nous recommandons. Nous n’hésitons ni ne changeons d’opinion à propos du vaccin et de la vaccination comme le font d’aucuns qui montent toutes les vagues. J’espère que le message a été bel et bien reçu par celle ou celui que cela concerne!», explique le Pr Azeddine Ibrahimi.
Au Maroc,1.547.974 personnes ont reçu la troisième dose du vaccin anti-Covid-19, au mardi 9 novembre 2021. Le nombre de primo-vaccinés a atteint 24.336.032, tandis que celui des personnes ayant reçu la deuxième s’élève à 22.310.662.