Coronavirus: à cause des récalcitrants, le Maroc pourrait décréter un confinement total

Casablanca à l’heure du confinement (jour 1).

Casablanca à l’heure du confinement (jour 1). . DR

La mise en œuvre des consignes de l'état d'urgence sanitaire se heurte, selon les régions, à l'indiscipline de centaines de citoyens, par la suite présentés devant la Justice. Le comportement irresponsable de ces personnes pourrait mener l'ensemble des habitants du Maroc à un confinement total.

Le 01/04/2020 à 11h50

Depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire, 20 mars 2020, il ne se passe désormais pas un jour sans que dans l'ensemble des régions du Maroc, les forces de l’ordre, chargées de veiller au respect des mesures liées à ce moment particulier, n’interviennent pour interpeller des individus qui se permettent de quitter leur domicile, au mépris des consignes que les autorités locales ont la charge de mettre en oeuvre, mettant en danger leur vie et celle d’autrui.

A Casablanca, par exemple, les agents de police et ceux du ministère de l’Intérieur n’interviennent plus seulement pour conseiller aux citoyens de rester chez eux, mais procèdent aussi à des interpellations, en stricte application des nouvelles législations nationales relatives à l’état d’urgence sanitaire.

De sources judiciaires, on apprend que des centaines d’arrestations ont eu lieu depuis l’instauration de l’état d’urgence. Ces interpellations concernent non seulement Casablanca, mais aussi d’autres agglomérations urbaines comme Salé, Meknès, Fès et Tanger.

Ainsi, à la date du 25 mars dernier, 513 personnes, s'étant rendues coupables du non-respect des dispositions liées à l'instaurattion de l’état d’urgence sanitaire, ont été interpellées. Le lendemain, 26 mars, ce nombre a été de 428 personnes au niveau national, et de 528 le surlendemain, 27 mars. Les 28 et 29 mars, le nombre des interpellations a respectivement été de 120 et 117 personnes. 

Dans leur immense majorité, ces individus qui ont été interpellés, indiquent des sources judiciaires contactées par Le360, font l’objet de poursuites en état de liberté provisoire.

Les quartiers populaires et périphériques des principales agglomérations urbaines du royaume restent les principaux foyers où les forces de l'ordre appréhendent des individus pour cause de non-respect des nouvelles consignes entrées en vigueur au 20 mars dernier.

L’exiguïté des habitations dans ces quartiers rend les conditions du confinement particulièrement difficiles. Ainsi, nombre de jeunes qui vivent souvent au domicile leurs parents, ont tendance à sortir le soir, pour aller fumer une cigarette, par habitude, par égard, suivant les habitudes de la tradition marocaine, pour leur père, . «Cela ne peut, en aucun, constituer une excuse», s’exclame une source judiciaire. 

«Ces jeunes peuvent fumer sur la terrasse, dans les escaliers ou, mieux, arrêter la cigarette!», poursuit cette source judiciaire, qui ajoute que l’on ne pourra pas enrayer la propagation du virus sur le territoire marocain tant qu’il y aura encore des récalcitrants au respect des mesures liées à l'état d'urgence sanitaire, lesquels, pour un motif ou un autre, pensent avoir droit à une dérogation qu’ils s’octroient de leur propre chef. Et cette source de conclure: «si ces insoumis à l’état d’urgence sanitaire persistent dans leur entêtement, il n’y aura pas d’autre choix que de se diriger vers le confinement forcé et total!».

Rappelons que les mesures de confinement ont été renforcées, selon les régions, depuis que l’état d’urgence sanitaire a été décrété. Ainsi, depuis le mardi 31 mars, il est formellement interdit de se déplacer d’une ville à l'autre, y compris pour des raisons professionnelles ou administratives, à moins de disposer d’une dérogation dûment signée par un agent d'autorité administrative publique (le gouverneur ou le caïd, par exemple). 

Ne sont cependant pas concernés par cette interdiction les médecins et les membres du personnel soignant, les forces de l’ordre et des FAR, ainsi que les véhicules chargés du transport des produits de première nécessité.

Par Mohammed Boudarham
Le 01/04/2020 à 11h50