Dans un geste d’autorité rare, le Conseil de la ville de Casablanca a opposé un refus catégorique à la réception des travaux de la corniche d’Aïn Sebaa. Ce projet structurant — confié en 2023 au promoteur Benlhou Frères suite à un appel d’offres lancé fin 2022 — s’inscrivait dans la vaste vision d’embellissement du littoral du Grand Casablanca, s’étendant de Dar Bouazza à Mohammedia.
Estimé à 70 millions de dirhams (intégralement financés par la commune), son achèvement partiel en 2024 suscite désormais de vives tensions, rapporte Assabah du 30 mai.
Des élus locaux, après des visites de terrain révélatrices, ont exprimé une «déception amère» quant à la livraison. Leurs griefs portent sur la médiocrité des équipements, la banalité du mobilier urbain, l’absence d’ambition architecturale et la piètre qualité des espaces — sans commune mesure, soulignent-ils, avec les réalisations emblématiques de la corniche d’Aïn Diab ou de Dar Bouazza.
Les citoyens des quartiers populaires d’Aïn Sebaa, Hay Mohammadi et Sidi Moumen abondent en ce sens. Constatant le décalage criant entre les infrastructures déployées ici et celles des zones plus favorisées comme Anfa, ils dénoncent une «injustice spatiale» flagrante, remettant en cause le principe d’équité territoriale.
La société Casa Aménagement, mandataire du projet, s’était pourtant engagée à créer «un écrin panoramique attractif», intégrant des aires de détente, des promenades paysagères, des équipements sportifs de plein air et un accès universel à la plage.
Des promesses restées largement lettre morte, selon les observations officielles, relaie Assabah. L’affaire a pris une telle ampleur que le wali de la région Casablanca-Settat a convoqué une réunion d’urgence avec responsables et élus. Exigeant des explications claires, il a sommé les entreprises concernées de pallier «sans délai» les lacunes identifiées avant toute réception définitive.







