Chantiers de la CAN et du Mondial: le BTP en crise de main-d’œuvre

Le chantier du stade Al Barid de Rabat.

Revue de presseAlors que le Maroc s’apprête à accueillir la CAN 2025 et le Mondial 2030, le secteur du BTP fait face à une crise inédite. Une pénurie de main-d’œuvre qualifiée ralentit les chantiers, renchérit les coûts et menace bien des ambitions. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 04/09/2025 à 20h34

Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) traverse une crise sans précédent. Alors que le Maroc connaît un boom de chantiers en prévision de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et du Mondial 2030, les professionnels alertent sur une pénurie aiguë de main-d’œuvre qualifiée, indique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du vendredi 5 septembre.

Cité par le quotidien un responsable de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers, affiliée à la CGEM, relève un grand manque en chefs ouvriers et ouvriers en formation. Ce qui pèse lourdement sur l’activité immobilière. «La production des unités de logement a ralenti de près de 40%», confie-t-il, expliquant que les entreprises de construction engagées dans les grands chantiers publics captent une grande partie des ressources humaines disponibles.

Ce ralentissement affecte directement les promoteurs immobiliers, qui peinent à honorer leurs engagements auprès de leurs partenaires, notamment les banques et les clients. La situation est d’autant plus critique qu’elle survient dans un contexte de flambée des prix des matériaux de construction, poursuit la même source.

Face à la rareté de la main-d’œuvre, les salaires connaissent une envolée spectaculaire. «Aujourd’hui, un maçon expérimenté perçoit jusqu’à 300 dirhams par jour, et un apprenti 200 dirhams», précise le professionnel. «Et malgré ces niveaux de rémunération, il est de plus en plus difficile de trouver des ouvriers disponibles». Un paradoxe qui illustre la profondeur de la crise, dans un secteur historiquement dépendant de la main-d’œuvre jeune et issue majoritairement du milieu rural.

Cette pénurie devrait s’aggraver dans les prochaines années. Plusieurs facteurs se conjuguent: la multiplication des projets d’infrastructure lancés par le Royaume, l’amélioration attendue de la campagne agricole qui retient une partie des jeunes en zones rurales et la réticence persistante des jeunes citadins à exercer des métiers jugés pénibles et peu valorisés.

«Si rien n’est fait, le Maroc risque de faire face à un goulot d’étranglement qui freinera ses ambitions», alerte le même responsable, appelant à une intervention rapide du gouvernement et des acteurs concernés.

Face à l’ampleur du problème, certains professionnels avancent une piste: le recours aux jeunes subsahariens résidant déjà au Maroc. «Des milliers d’entre eux vivent parmi nous. Pourquoi ne pas leur offrir une formation, un statut légal et des garanties sociales? Cela permettrait de répondre à la demande croissante en main-d’œuvre», propose la source.

Une idée qui, si elle venait à être concrétisée, pourrait contribuer à résoudre le déficit structurel, d’autant que la transition démographique du Maroc laisse présager une raréfaction durable de la main-d’œuvre nationale dans ce secteur.

Selon une récente note du Haut-Commissariat au Plan (HCP), l’activité du BTP devrait connaître une progression au troisième trimestre 2025, portée par le dynamisme attendu dans les activités d’ingénierie civile et de construction spécialisée. En revanche, la construction de bâtiments devrait, elle, connaître un ralentissement.

La même note souligne que le carnet de commandes des entreprises de construction est jugé «normal» et que le taux d’utilisation des capacités de production atteint en moyenne 72%. Toutefois, la question de la disponibilité de la main-d’œuvre reste un défi majeur.

Par La Rédaction
Le 04/09/2025 à 20h34