À Casablanca, derrière les murs du Centre de réforme et de rééducation de Aïn Sebaâ, un autre monde prend forme. Privés de leur liberté, ses jeunes pensionnaires ne sont pas pour autant abandonnés à leur sort, et encore moins aux affres de l’oisiveté. Au contraire, ils sont encadrés, formés et encouragés à poursuivre leurs études ou à entamer des formations professionnelles. Le tout sous la supervision d’enseignants et de formateurs, avec pour objectif de les aider à réussir leur réinsertion sociale une fois libérés.
«J’étais en troisième année de collège quand je suis arrivé ici. J’ai continué mes études et réussi dans la branche du tronc commun. Maintenant, je suis en première année de baccalauréat et j’espère pouvoir finir mes études à l’extérieur pour obtenir mon bac», déclare l’un des détenus.
Le centre ne se limite pas à l’enseignement scolaire, il offre également des formations professionnelles aux détenus. «J’ai choisi la filière de la métallurgie parce que j’aime travailler de mes mains. J’espère réussir dans cette voie et changer ma vie pour le meilleur», ajoute un autre jeune détenu, qui espère pouvoir pratiquer ce métier dès sa sortie du centre. «Je ne referai plus les erreurs du passé, je veux aller de l’avant», ajoute-t-il.
Au centre de réforme et de rééducation d'Aïn Sebaâ à Casablanca. (K.Essalak/Le360). le360
«Nous avons mis en place un programme scolaire complet qui suit exactement le même calendrier que celui des écoles publiques. Ces jeunes peuvent ainsi poursuivre leurs études même après leur libération. Nous proposons également des formations professionnelles dans 13 métiers différents afin de faciliter leur réinsertion», déclare Abdessalam Essahli, directeur du centre. Parmi ces apprentissages figurent la métallurgie, la couture, la peinture ou encore la coiffure, des compétences qui permettront aux jeunes de se lancer dans une carrière professionnelle à leur sortie.
Lire aussi : Voici comment se déroulent les visites familiales au Centre de réforme et de rééducation de Ain Sebaâ
Selon Jamal Yassif, coordinateur pédagogique du centre, tout est fait pour que les détenus se sentent intégrés au système éducatif national. «Nos élèves sont inscrits dans le système ‘Massar’, comme tous les autres élèves. Ils reçoivent également des certificats de scolarité et des attestations, ce qui leur permet de poursuivre leurs études après leur libération», explique-t-il. Cette approche renforce le lien entre la vie en détention et celle à l’extérieur, en vue d’assurer aux détenus les mêmes chances de succès scolaire que leurs pairs en liberté et favoriser leur réinsertion.
Car l’objectif final du programme est d’offrir à ces jeunes une chance de réintégrer la société, armés de compétences pratiques et académiques. Certains, comme le rappelle un détenu, entrevoient déjà un avenir meilleur grâce à l’éducation qu’ils reçoivent. «Une fois dehors, je compte bien utiliser ce que j’ai appris ici pour continuer mes études et décrocher un diplôme», confie-t-il.