Au Maroc, en 2020, les enfants sont les principales victimes des piqûres de scorpion

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Avec les fortes chaleurs de l’été, un redoutable tueur fait de nombreuses victimes dans les campagnes marocaines, le scorpion. Comme chaque année, les ONG tirent la sonnette d’alarme…

Le 28/07/2020 à 08h14

Il y a quelques jours, la Ligue marocaine pour la défense des droits de l’Homme (LMDDH) s’est fendue d’un communiqué afin d’alerter les pouvoirs publics et la population sur le grave danger causé par les piqûres de scorpion.

Des chiffres qui font froid dans le dos

Chaque année, en période de forte chaleur estivale, quelque 30.000 personnes sont victimes de piqûres de scorpion, principales causes d'empoisonnement au Maroc, selon le Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM), lequel relève du ministère de la Santé.

Il s'avère que 95% de ces victimes sont des enfants de moins de quinze ans et en 2019, ce sont 44 personnes qui ont trouvé la mort suite à ces piqûres, parmi lesquelles 43 enfants…

Cette année, même topo, mêmes drames. En l’espace de deux mois à peine, huit personnes parmi lesquelles six enfants ont perdu la vie suite à des piqûres de scorpion, notamment à Tafraout, Tiznit, Kelaâ des Sraghna, Rehamna, Sidi Bennour et Moulay Yacoub.

Les structures hospitalières pointées du doigt

«Les habitants (de ces provinces) vivent dans des conditions difficiles, en particulier dans les zones rurales, où les droits les plus élémentaires font défaut, en particulier le droit à des soins médicaux», déclare la LMDDH qui pointe ainsi du doigt la fermeture des dispensaires des villages, mais aussi l’absence d’ambulances de nuit. 

La LMDDH déplore également le peu de moyens dont disposent les hôpitaux de la région peu équipés en lits de réanimation ou ne disposant pas des moyens nécessaires pour traiter les cas d'empoisonnement par piqûre de scorpion. Car selon le Réseau marocain pour le droit à la santé, cette situation dramatique serait due en partie à la précédente fermeture des centres de production des antidotes, qui avait été justifiée par les pouvoirs publics par l’inefficacité des produits.

Les victimes doivent donc couvrir de longues distances pour se rendre dans une structure à même de les soigner. C’est alors une véritable course contre la montre qui s’engage, car dans le cas où la piqûre est venimeuse, et si elle n’est pas traitée à temps, c’est la mort assurée. D’autant plus si la victime est un enfant.

Selon Ghizlane El Oufir, médecin toxicologue en charge du programme des piqûres de scorpion au sein du CAPM et dont les propos sont rapportés par la presse, «plus la quantité de venin de scorpion injecté est grande et le poids de l’enfant faible, plus le risque de décès augmente. C’est pour cela que les enfants de moins de 15 ans représentent de 95 à 100% des morts liées aux PES chaque année au Maroc».

Charlatanisme vs préventionLa sensibilisation de la population aux dangers de ces piqûres dont 70% se produisent à l’intérieur des maisons, selon le CAPM, est un autre aspect du problème, car malheureusement, beaucoup de personnes vivant dans le monde rural privilégient encore les remèdes traditionnels, à base d’herbes et de lecture de versets du Coran, pour traiter ces piqûres.

De son côté, le ministère de la Santé met en garde la population contre ce type de pratiques absolument inefficaces et recommande à titre de prévention à la population d’éviter de plonger les mains dans des fosses ou crevasses, d’éviter de s’asseoir dans les zones herbeuses et à côté de rochers ou d’amas de cailloux et rappelle enfin la nécessité de porter des chaussures et des vêtements de protection.

Enfin, la menace des scorpions étant tout aussi présente dans les maisons, il est conseillé de retirer les herbes à proximité des habitations, et d’entretenir correctement les maisons en rebouchant par exemple les trous et fissures dans les murs où se logent volontiers les scorpions.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 28/07/2020 à 08h14