La confiance des citoyens en l’Administration s’est nettement dégradée ces derniers temps. Le niveau de qualité du service public a, lui aussi, reculé de manière perceptible. C’est le constat que fait, encore une fois, le Médiateur du Royaume, Mohamed Banalilou. Ce dernier n’a pas hésité à mettre en garde l’Administration pour avoir continué à faire fi des réclamations des usagers, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 10 février.
Dans une intervention, samedi, à l’occasion de la 26ème édition du Salon international de l’édition et du livre de Casablanca (SIEL), le Médiateur a, également, appelé à l’ouverture d’un débat public, sérieux et serein, sur ce sentiment qui veut que «la confiance en l’administration ne cesse de se dégrader». C’est le moment de s’interroger sur les causes de cette situation, loin de toutes considérations étriquées, quitte à poser des questions qui gênent, a notamment souligné Mohamed Benalilou, cité par le quotidien. Il s’agit de questions, poursuit-il, qui portent notamment sur la relation entre la dégradation de la qualité du service public et le manque de confiance en l’Administration, ou encore la place du citoyen, ou de l’usager, dans la chaîne de prise de décision dans l’administration publique.
Le Médiateur pointe ainsi du doigt «la position négative» de l’Administration, qui contribue à la perte de confiance et renforce le sentiment d’injustice chez les plaignants. Il a, de même, rejeté l’argument avancé par certaines parties de l’Administration et selon lequel le citoyen a naturellement tendance à avoir une perception de plus en plus négative du service public. Cependant, relève-t-il, personne parmi ceux qui avancent cet argument ne veut reconnaître que la principale cause de cette tendance est la dégradation de la qualité de service au moment où les attentes des citoyens se font plus grandes.
Le Médiateur a, par ailleurs, rappelé que son institution avait reçu un total de 75.188 doléances entre 2011 et 2018. Ce qui représente une moyenne de 9.398 plaintes par an, soit une augmentation moyenne de près de 3% du nombre de plaintes. Ces plaintes émanent de toutes les catégories, dont des personnes physiques (80%), des personnes morales (6%) et des groupes de personnes (14%). Ces plaintes ont également été déposées à hauteur de 22% par des femmes et 78% par des hommes. Elles ont concerné différents domaines, administratif (61,6%), financier (10%) et immobilier (17,3%). Près de 8,3% des plaintes sont liées à l’exécution des jugements rendus par la justice contre les administrations publiques.
L’institution, affirme M. Benalilou, a émis à leur égard 1.941 recommandations, couvrant ainsi 11% des plaintes entrant dans le cadre de ses attributions, avec un taux moyen de 14,2%. Globalement, affirme-t-il, l’objet des plaintes des citoyens porte essentiellement sur les questions d’expropriation, de lois de l’urbanisme, d’agressions physiques et d’abus, ainsi que sur les problématiques liées aux logements insalubre, au recasement, à la déconcentration administrative et aux questions de retraite et de soins.