2025 ferme les yeux, 2026 entrouvre la lumière

Soumaya Naâmane Guessous.

Soumaya Naâmane Guessous.

Chronique2025 nous a bousculés, étonnés et même émerveillés. Une année dense, pleine de hauts et de bas, que l’on referme, prêts à accueillir 2026 avec curiosité et espoir.

Le 26/12/2025 à 11h05

Sur le plan international, 2025 aura été une année rude. Le drame vécu par les Palestiniens a continué de bouleverser les consciences, avec son cortège de vies brisées et d’enfances confisquées. En Europe, la guerre en Ukraine s’est prolongée, rappelant qu’en géopolitique, le mot «temporaire» peut durer indéfiniment. Ailleurs, d’autres foyers de tensions se sont aggravés: affrontements entre États voisins en Afrique, crises internes aux conséquences humanitaires lourdes, rivalités persistantes en Asie.

L’impression dominante, en 2025, est celle d’une humanité déployant une énergie considérable à se compliquer la vie, pendant que des urgences vitales restent reléguées au second plan: climat, accès à l’eau, sécurité alimentaire, santé mentale, éducation, dignité humaine. Des milliards investis dans les armes, alors que la planète surchauffe, que les inégalités se creusent et que les jeunes générations observent ce monde avec un mélange d’inquiétude et d’incompréhension.

Ces générations, justement, ont fait entendre leur voix. La GenZ a bousculé les certitudes — parfois dérangeante, parfois excessive, souvent pertinente — en posant des questions inconfortables mais nécessaires, rappelant que le monde ne pourra indéfiniment fonctionner «comme avant».

2025 aura aussi été marquée par un scandale retentissant autour des défaillances hospitalières dans la prise en charge des malades. La colère a enflé, l’émotion s’est muée en indignation publique, contraignant l’État à réagir. Des annonces ont suivi, des engagements ont été pris — rappelant une évidence trop souvent oubliée: la santé n’est ni un privilège, ni une variable d’ajustement, mais un droit fondamental.

Dans ce climat mondial anxiogène, le Maroc a traversé 2025 avec ce mélange familier de résilience, de patience et de pragmatisme. Après près de sept années de sécheresse, la pluie est revenue. Elle a été accueillie comme une bénédiction. Puis la neige — spectacle presque oublié — est venue recouvrir des régions entières: montagnes éclatantes, villages silencieux, enfants découvrant des paysages que l’on croyait disparus. Les réseaux sociaux se sont remplis d’images de sommets immaculés. Une émotion collective. Et l’espoir, discret mais tenace, que l’eau cesse un jour d’être synonyme d’angoisse.

«Le Maroc a démontré sa capacité à accueillir, rassembler, coordonner — à l’heure même où tant d’États donnent l’image inverse.»

—  Soumaya Naamane Guessous

Sur le plan diplomatique, 2025 aura également consacré une avancée majeure: la dynamique internationale autour du Sahara marocain s’est consolidée. Le plan d’autonomie a gagné en reconnaissance et en crédibilité, confortant le sentiment d’une unité nationale désormais inscrite dans un cadre politique stabilisé — victoire d’une diplomatie patiente et constante.

Puis il y a eu ces moments de respiration collective: la victoire des Lions de l’Atlas en Coupe arabe, le sacre des U20 champions du monde, puis l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations. Le Maroc a démontré sa capacité à accueillir, rassembler, coordonner — à l’heure même où tant d’États donnent l’image inverse.

Organisation maîtrisée, infrastructures modernes, sécurité fluide, accueil salué: les témoignages des supporters étrangers ont résonné comme un miroir bienveillant. Une fierté rare, précieuse, partagée. Le football, encore une fois, a servi de thérapie collective. La victoire face aux Comores, sous la pluie, dans un stade grandiose, a ravivé ce sentiment d’union éphémère — mais réel. Les klaxons ont remplacé les soupirs, les cris de joie ont couvert le bruit du monde.

Impossible de ne pas évoquer, aussi, l’élan porté par l’équipe nationale féminine. Match après match, elle gagne en visibilité, en respect, en soutien populaire. Une conquête lente, mais irréversible.

Ces moments — sportifs, climatiques, humains — n’effacent pas les drames. Mais ils rappellent que le collectif existe encore. Et qu’il peut servir à autre chose qu’à la confrontation permanente.

À l’heure où 2026 s’annonce, l’espoir est simple: que l’humanité consacre moins d’énergie à s’affronter, et davantage à se réparer. Protéger la planète plutôt que la blesser. Investir dans la vie plutôt que dans sa destruction. Dialoguer avant d’escalader.

2026 s’ouvre comme une porte encore hésitante. Rien n’est garanti — mais tout reste possible. Les nuages de 2025 ne se sont pas dissipés. Pourtant, la pluie est tombée, la neige a recouvert les sommets, et des voix ont continué à chanter — dans les stades, dans les rues, dans les foyers.

Que 2026 nous rende plus attentifs, plus solidaires. Qu’elle nous apprenne l’art de réparer plutôt que de détruire.

Qu’elle dépose sur le monde un souffle de paix et de tolérance — et qu’elle inonde nos vies d’un bonheur plus juste, plus doux, plus durable.

Par Soumaya Naamane Guessous
Le 26/12/2025 à 11h05