Si le 1er mai est considéré comme la fête du Travail dans de nombreux pays, cette année au Maroc, l’heure ne semble pas être aux festivités. «Ce 1er mai sera une journée de protestation durant laquelle les travailleurs et travailleuses des 65 villes où l’UMT est implantée formeront des défilés massifs», lance d’emblée Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union marocaine des travailleurs (UMT).
Le ton est donné. «Pas moins de 345 secteurs d’activités seront représentés», précise le leader du plus ancien syndicat marocain. Il dresse aussi une liste des professions qui participeront aux manifestations. «Il s’agit, précise-t-il, des secteurs stratégiques pour le pays, dans la fonction publique et les collectivités locales, des personnels dans les entreprises de distribution d’eau et d’électricité, des banques, du transport, de la formation, ses ports du Maroc».
Même son de cloche du côté de la Confédération démocratique du travail (CDT). «Nous augmentons le niveau de la protestation. Nous travaillons en ce moment à la distribution des invitations, à communiquer nos revendications. Nous mettons en place les instruments pour organiser nos manifestations», indique Mohamed Zayr, vice-secrétaire général de la CDT.
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Côté revendications, selon le dirigeant de l’UMT, elles portent sur la «dénonciation des politiques rétrogrades du précédent gouvernement, mais également de l’actuel. Le programme gouvernemental présenté par Saâd-Eddine El Othmani s’inscrit dans la continuité de ces cinq dernières années».
«Pendant cinq ans, l’ancien gouvernement a gelé le dialogue social. Il a adopté une position de spectateur face aux violations faites aux libertés syndicales, qui font partie des droits de l’Homme», explique Miloudi Moukharik.
Quant aux griefs à l'encontre de la législation du travail, ils concernent la flexibilité de l’emploi, le licenciement sans indemnités notamment dans le secteur privé et les décrets introduisant les CDD dans la fonction publique.
Revenant sur la rencontre de ce début de semaine, le 24 avril dernier, avec le chef du gouvernement désigné, Miloudi Moukhariket rapporte: «nous avons relevé avec étonnement et avons signifié notre désaccord quant à la réforme du Code du travail qui s’est réalisée sans concertation avec les représentants des travailleurs, mais avec ceux du patronat, en l’occurrence la CGEM». Il lance une pique à destination du chef du gouvernement désigné: «cette démarche dénote sa mentalité. Et on s’y oppose catégoriquement».
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Dans le même esprit, le représentant de la centrale CDT, confie: «El Othmani a tendu une oreille attentive à nos exposés. Il a donné des engagements pour davantage de concertation».
En revanche,l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) opte pour le boycott des manifestations du 1er mai. Une décision qui a été prise par le comité exécutif du conseil général en date du 31 mars dernier.
L'UGTM dénonce par cette démarche, le gel du dialogue social durant ces cinq dernières années, celui des salaires, le licenciement abusif collectif ou individuel qui se poursuit, et le fait que la création de bureaux syndicaux au sein des entreprises soit toujours considérée comme un délit. L’UGTM signale également l’article 288 du Code pénal qui incrimine l’organisation de grèves et de débrayages.