Visite de Staffan De Mistura en Algérie: la déception de la junte militaire et du Polisario

Staffan de Mistura, envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara marocain.

Staffan de Mistura, envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara marocain. . Fabrice COFFRINI / AFP

Revue de presseKiosque360. La visite de Staffan De Mistura à Tindouf et Alger a confondu la junte militaire et les séparatistes. Le Polisario a critiqué l’ONU et l’Algérie a admis, malgré elle, qu’elle était partie prenante dans ce conflit. Cet article est une revue de presse du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 05/09/2022 à 20h21

Une défaite à Tindouf et une autre à Tripoli. Les généraux d’Alger ont passé une fin de semaine pleine d’amertume et de déconvenues. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mardi 6 septembre, que le Polisario n’a rien glané de la visite à Tindouf de l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara, Staffan De Mistura. Une visite ponctuée par une rencontre avec Benbatouche, qui s’est présenté en tenue de combat, comme pour tenter de faire oublier le faux pas qui a ébranlé sa direction, notamment la guerre des communiqués. D'ailleurs, ses collaorateurs ont exprimé leur attachement à la paix dans une première réunion avec De Mistura. Rapidement recadrés par leurs parrains algériens, les séparatistes ont fini par publier un communiqué où il s’attaquent à l’ONU.  L’envoyé spécial a quitté Tindouf, ce lundi 4 septembre, à destination d’Alger où la junte algérienne a passé la nuit de dimanche la boule au ventre, après la nomination du Sénégalais Abdoulaye Bathily en tant que nouvel envoyé spécial de l’ONU en Libye. Une nomination qui constitue une défaite cuisante pour l’Algérie qui cherche, depuis des mois, à nommer son candidat Sabri Boukadoum à ce poste. Mais cette candidature a été rejetée par plusieurs pays arabes influents sur la scène arabe et internationale. Le régime algérien, qui a jubilé lorsque le président tunisien a cédé au chantage de l’accueil de Benbatouche, va finir par déchanter. Il a été, en effet, contraint de recevoir Staffan De Mistura dans un climat tendu qui confirme l’implication totale de l’Algérie dans le dossier du Sahara.  Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne que la junte militaire tient à ce que le conflit perdure malgré la souffrance des séquestrés des camps de Tindouf et au mépris d’un déchirement régional. Les militaires en ont fait une doctrine, quitte à dilapider les richesses du peuple algérien et après avoir muselé les opposants et jeté dans les prisons les dirigeants du hirak. Après la visite à Tindouf, De Mistura s’est dirigé vers Alger pour transmettre aux généraux le même message que les dirigeants du Polisario ont eu du mal à digérer. Ils n’ont d’ailleurs pas hésité à le critiquer comme l’avait fait, dimanche, le soi-disant chef d’état-major de l’armée sahraouie, Mohamed Akeik, en soulignant «l’incapacité de l’ONU à mettre en pratique ses résolutions, sans oublier les stratagèmes du Maroc et les obstacles qui se dressent devant l’opération de la paix».  Le chef des séparatistes, Benbatouche, a rencontré De Mistura en présence de militaires dirigés par Mohamed Akeik pour dire que «l’ONU se défait de sa responsabilité depuis trente ans. Un renoncement qui a eu des répercussions sur le peuple sahraoui qui paie un lourd tribut à cause de l’intransigeance du Maroc». Autant dire que la visite de l’envoyé spécial De Mistura a confondu la direction du Polisario, qui était surveillée par les services de renseignement algériens. Une visite qui s’est terminée comme elle avait commencé, en queue de poisson, aussi bien pour l’Algérie que pour son protégé polisarien.

Par Hassan Benadad
Le 05/09/2022 à 20h21