Khalid Chiyat, politologue et professeur des relations internationales à l’Université d’Oujda, est un grand connaisseur des relations entre le Maroc et l’Algérie. Entre autres dossiers, il a beaucoup travaillé sur l’expulsion massive de dizaines de milliers de familles marocaines par les autorités algériennes en 1975. Une horreur commise le jour de l’Aïd el-Adha.
«En refusant de reconnaître le crime commis par Houari Boumédiène, l’actuel régime algérien ne fait que le perpétuer», explique le politologue dans un entretien avec Le360 «Le régime militaire algérien a commis un crime contraire à toutes les normes humaines, sociales et juridiques», poursuit Khalid qui précise que ce crime réunit toutes les conditions d’un crime contre l’humanité.
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«Les expulsions collectives, sans base légale, sont un crime contre l’humanité qui doit donner suite à des procédures judiciaires», note le politologue. «Le régime militaire algérien a pris cette décision en réaction à l’appel de la Marche verte de Feu Hassan II pour parachever l’intégrité territoriale du Maroc. Ce régime voulait créer des problèmes économiques et sociaux pour le Royaume», détaille Khalid Chiyat.
Mais au lieu de reconnaître ce crime et prendre des mesures de réparation pour les Marocains expulsés, le régime algérien a persévéré en multipliant des actes d’une extrême hostilité.
Khalid Chiyat en rappelle une des plus parlantes. «En 2010, le régime algérien avait décidé de confisquer les biens des Marocains qu’il a expulsés, mais cette démarche a été avortée grâce à la mobilisation de la communauté internationale et des acteurs de la société civile», se souvient le politologue.
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Et les derniers appels adressés au pouvoir algérien pour reconnaître de drame? Pour Khalid Chiyat, la sourde oreille du régime de Tebboune et Chengriha ne fait que renforcer l’isolement, sur la scène internationale.
Les Marocains expulsés d’Algérie demandent, en plus d’une réparation en bonne et due forme, que soient traduits en justice ceux qui étaient responsables de ce crime. «Il y a des victimes qui sont décédées et d’autres toujours en vie, sans parler de leurs descendants qui ont souffert à leur tour», rappelle Khalid Chiyat qui appelle les autorités à épauler les victimes dans leur combat. Pour le politologue, on parle d’une bonne frange de la population marocaine et qui représenterait entre 3 et 5% des habitants du Maroc.