«C'est un arrêté qui est loin d'être juridique, il se distingue par son aspect politique et idéologique. Il n'est bâti sur aucun fondement juridique», a affirmé Khattat Yanja, une personnalité sahraouie récemment réélue à la tête du conseil régional de Dakhla-Oued Eddahab.
Cet arrêté «vise à créer des perturbations», dont veulent profiter les adversaires du Maroc, a regretté le responsable de la région de Dakhla, une province promise à un avenir socio-économique prospère. Il faut rappeler que le roi Mohammed VI a dernièrement donné ses instructions pour faire de cette région un pôle économique sur la façade Atlantique avec des projets d'investissement évalués, globalement pour les régions du Sud, à Dakhla et à Laâyoune, à environ 80 milliards de dirhams.
Selon Khattat Yanja, l'autre aspect lié à l'arrêté est que celui-ci a ignoré les réalités du terrains. La décision du tribunal veut, regrette-t-il, «établir une distinction entre les produits agricoles et de pêche venant des provinces sahariennes marocaines et ceux des régions du Nord, en voulant priver la première catégorie de produits d'avantages douaniers dont profite le Maroc».
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Ainsi, Khattat Yanja a lancé, «Nous refusons cette distinction car le Maroc constitue un unique territoire qu'on soit à Dakhla, à Laâyoune ou à Agadir». Le chef de la région de Dakhla s'est déclaré convaincu que «l'Algérie se trouve derrière cet arrêté».
Au sujet de la représentativité sahraouie et de la consultation populaire, Khattat Yanja a rappelé au tribunal que «80% de l'ensemble des Sahraouis vivent dans les provinces sahariennes du Maroc. Les élections du 8 septembre dans ces régions, a-t-il indiqué, se sont déroulées dans un climat démocratique et de dynamisme». Le taux de participation y a été élevé puisqu'à titre d'exemple, ce taux à Aousserd a atteint 80%.
Une autre personnalité sahraouie, membre de la tribu des R’guibat, Mohamed Cheikh Biadillah, a qualifié, dans un entretien pour Le360, d’«étrange», l'arrêté du tribunal de l'Union européenne. C'est un verdict «politique», a dit cet ancien conseiller parlementaire de la région de Smara en rappelant que cette même cour avait par le passé signalé que les séparatistes «n'étaient pas les représentants exclusifs de la population sahraouie».
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«Le tribunal n'a pas pris en considération ce fait, ni le développement de la région qui jouit de la stabilité face à un voisinage plein de tensions», a jouté Biadillah. D'après cet ancien président de la Chambre des conseillers, la décision du tribunal n'a pas pris non plus en compte que ce sont «les populations sahraouies qui profitent des retombées des deux accords».
«En plus, a-t-il ajouté, il a été démontré en 2019 à des délégations étrangères venues notamment du Parlement européen que les populations ont été consultées à travers diverses échéances électorales». Le 8 septembre 2021, lors des élections, le taux de participation a été d'environ 80% à Dakhla et de 60% à Laâyoune, a souligné Mohamed Cheikh Biadillah, également ex-ministre de la Santé dans le gouvernement de Driss Jettou.
«Cette participation massive constitue pour les habitants l’équivalent d’un référendum», ajoute Biadillah. Et de conclure que les régions du Sud connaissent «une mutation sans précédent sur les plans des infrastructures et de l'économie». Malheureusement, a-t-il observé, le tribunal a fait une lecture politique à travers son arrêté, sans prendre en compte les grands changements qu'ont connus les provinces sahariennes du Maroc depuis leur récupération en 1975.