Vidéo. Dénoncer le Maroc constitue le seul projet politique d'Alger, estime un essayiste politique

L'essayiste politique, Adnan Debbarh, revient sur la décision de l'Algérie de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc. . Le360

Le 28/08/2021 à 17h53

VidéoLe régime d'Alger n'a comme seul et unique projet politique que celui de dénoncer et de combattre le Maroc, a estimé l'essayiste politique Adnan Debbarh suite à la décision des dirigeants algériens de rompre les relations diplomatiques avec le Royaume du Maroc.

Face à la grave triple crise politique, économique et sociale que vit l'Algérie, "l'unique et seul projet politique des dirigeants algériens, c'est de dénoncer et de combattre le Maroc, un Maroc moderne qui s'est développé sur plusieurs niveaux", a estimé Adnan Debbarh dans un long entretien pour Le360.

L'agressivité des dirigeants algériens envers le Maroc, selon lui, "n'est pas un projet politique, c'est une agressivité gratuite". Et d'ajouter que le Royaume du Maroc possède au contraire "un projet politique, celui de raffermir sa puissance régionale et de devenir un acteur incontournable de la Méditerranée occidentale".

La rupture des relations diplomatiques par le régime militaire d'Alger avec le Maroc n'a "pas constitué une surprise", d'ailleurs "même le ministère marocain des Affaires étrangères l'a souligné". Adnan Debbarh a rappelé que la décision de rupture a muri depuis des années parce que "l'Algérie s'est retrouvée face à une crise politique, à une crise économique et à une crise sociale".

Une crise politique qui s'est aggravée en 2014 suite à "la maladie de Bouteflika", période marquée par une très mauvaise gouvernance au point où s'est posée la question de savoir qui dirigeait réellement l'Algérie. L'essayiste a expliqué en outre que "la chute des prix du pétrole a fait que l'Algérie qui vivait au-dessus de ses moyens s'est retrouvée avec des moyens beaucoup amoindris en faisant face à une crise économique terrible (…). L'Algérie s'est alors retrouvée face à une carence en produits de première nécessité, en plein milieu d'une situation sociale désespérée, contrairement à ce que disent les dirigeants algériens".

Devant cette crise multiple, a observé l'expert, l'Algérie a donc vu la naissance du mouvement de contestation du Hirak. Par conséquent, a-t-il souligné, "l'Algérie se devait de monter en puissance vis-à-vis du Maroc, en agressivité, pour désigner un bouc-émissaire ou un ennemi parce qu'elle avait besoin d'un ennemi extérieur pour dire que s'il y a problème en Algérie, c'est la faute aux autres et pas la faute au gouvernement algérien".

Il s'agit d'une "approche classique qui a donné des résultats négatifs", dans la mesure où l'ennemi désigné, en l'occurence le Royaume du Maroc, connaissait un réel et substantiel développement du point de vue économique et politique". Et de dire les quatre vérités aux généraux d'Alger: "nous avons assisté ces dernières années à une percée phénoménale du Maroc dans l'espace africain, celle-ci ayant été validée par une adhésion renouvelée à l'Union africaine".

En outre, a-t-il rappelé, "des investissements très importants ont été réalisés par nos entreprises performantes en Afrique de l'Ouest dans le domaine financier, les services et les télécommunications". Le Maroc a aussi accompli "une percée importante dans l'espace euro-méditerranéen puisqu'il a maîtrisé les flux migratoires".

Et ce n'est pas tout, selon Adnan Debbarh, le Royaume a participé "à l'appel en Libye, il a participé aussi à la sécurisation du Sahel et il est devenu également un acteur important en Méditerranée occidentale". Le politologue avance des preuves au sujet de cette nouvelle place que joue le Royaume du Maroc. "Ce nouveau statut du Maroc, puissance africaine, acteur important en Méditerranée occidentale, et aussi un pays qui a vu ses infrastructures et son développement économique connaître un élan important ont fait que nous nous sommes retrouvés devant un "Maroc nouveau, nouveau par sa puissance et par sa capacité à faire face aux problèmes qui se sont posés dans la région".

Le Maroc a alors acquis "un statut qu'on pourrait appeler de "puissance régionale". Et d'enfoncer le clou en affirmant que "c'est le statut dont l'Algérie rêvait depuis les années 1960", et auquel elle n’a pas pu accéder. Résultat de la course, "c'est le Maroc qui a gagné ce challenge et c'est un challenge qui lui a permis de raffermir ses nouvelles relations et ses nouvelles alliances".

Pour Adnan Debbarh, "la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les Etats-Unis, un nouveau rôle du Royaume au Proche-Orient grâce au rétablissement des relations avec Israël, la visite (du chef du Hamas) Ismaël Haniyeh (à Rabat) qui a confirmé que nous n'avons pas de problème avec les Palestiniens et de nouvelles relations avec nos frères africains qui ont ouvert des consulats à Laâyoune et Dakhla ont provoqué une situation qui est devenue extrêmement pénible pour les dirigeants algériens à digérer".

Que faire devant cette situation pour le régime d'Alger, s'est-il interrogé. C'est instaurer "une agressivité supplémentaire" en optant pour "une vision complotiste qui vire au ridicule, le Maroc ayant été accusé d'avoir allumé le feu dans les forêts algériennes". Et de conclure que "l’Algérie, amoindrie politiquement, économiquement et socialement, n'a plus de projet politique. Son unique projet politique, c'est de dénoncer et de combattre le Maroc".

Par Chakir Alaoui et Mohammed Boukouyane
Le 28/08/2021 à 17h53