Il s’est fait corriger par le président de la Commission de l’Union Africaine. Il s’est fait humilier par ses confrères lors de la réunion du Comité des représentants permanents de l’UA. Et malgré tout, l’impénitent Smaïl Chergui s’entête à incruster des passages hostiles au Maroc et à sa cause nationale. La dernière manœuvre du président de la Commission Paix et Sécurité (CPS) consiste à créer la confusion entre les deux versions, anglaise et française, de la documentation à présenter au sommet extraordinaire de l’UA, qui réunira par visio-conférence les chefs d’Etat et de gouvernement du continent, le 6 décembre, sous la thématique «faire taire les armes».
Dans la version française du projet de déclaration de ce sommet, l’Algérien a cherché de nouveau à introduire une référence au dossier du Sahara. Précisément dans le 12e paragraphe de ce draft où les chefs d’Etat de l’Union réitèrent leur «ferme engagement à mettre fin à toutes les vicissitudes du colonialisme en Afrique», Smaïl Chergui a rajouté «et à permettre rapidement l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». Dans la version anglaise de ce projet de déclaration, une telle phrase n’existe tout simplement pas. Idem pour le projet de décision du sommet: la version française évoque «l’auto-détermination du peuple du Sahara occidental, conformément aux décisions pertinentes de l’UA», tandis que le texte en anglais ne fait aucune référence au «peuple sahraoui».
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Ces deux passages avaient valu au diplomate algérien les remontrances de ses collègues de l’UA. Ils avaient été révoltés par la défiance et le mépris dont fait preuve Smaïl Chergui envers les mécanismes et procédures de fonctionnement de l’organisation panafricaine. Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’UA avait déjà expurgé toute référence au dossier du Sahara dans l’avant-projet de rapport du président de la Commission paix et sécurité. Ce dernier avait fi de ces corrections en soumettant aux ambassadeurs, à la dernière minute, des projets de déclarations et de décisions avec les passages incriminés qu’il s’entête encore aujourd’hui à vouloir glisser, en jouant sur les versions linguistiques de ces projets qui engagent les chefs d’Etat africains.
Pour justifier cette basse manœuvre qui pourrait décrédibiliser les instances de l’UA, Chergui n’a trouvé mieux que d’évoquer «une omission des traducteurs». Au fond, il pensait sans doute tromper la vigilance de la diplomatie marocaine, espérant qu’elle se contenterait de vérifier la version anglaise, qui constitue la base des résolutions de l’UA, sans prêter attention à la traduction française. Mais bien en vain, la supercherie de l’Algérien ayant été mise à nu, et la justification qu'il a opposée a bien fait rire les diplomates africains. La traduction s'effectue en effet de l’anglais au français. Comment un traducteur peut-il traduire des propos qui n’existent pas? Cela s’appelle un traducteur qui fait de l’excès de zèle, dans le sens qui sert l’agenda du régime algérien et piétine allègrement le règlement et les fondamentaux des pays africains.
Smaïl Chergui va d'ailleurs rendre son tablier au mois de février. Il quitte l’UA sur une suite de revers, laissant le souvenir peu reluisant d’une personne qui, trop occupée à servir ses maîtres à Alger, n’a rien fait pour la paix et la sécurité sur le continent.