Les voix les plus extrémistes au sein du Parlement européen (PE) ont fini par obtenir leur petite victoire, et une résolution «d’urgence» clairement hostile au Maroc et interférant dans ses affaires intérieures a été votée ce jeudi 19 janvier 2023 en plénière à Strasbourg. Le PE y appelle à remettre en liberté des personnes inculpées dans des affaires de droit commun pour la simple raison qu’il s’agit de journalistes ou de «militants», citant principalement Omar Radi, mais aussi Toufik Bouachrine et Soulaimane Raïssouni. Les trois protagonistes sont accusés et condamnés pour des affaires de viol. Mais le PE n’en a cure et, preuve de l’acharnement des arrière-pensées, le Royaume y est également cité dans des allégations de corruption d’eurodéputés, dans le cadre du désormais célèbre Qatargate.
A la lecture de ladite résolution, une évidence saute aux yeux: son objectif n’est nullement de défendre une quelconque liberté de la presse ou d’opinion au Maroc. Sinon, et ce n’est là qu’un détail parmi tant d’autres, à quoi bon parler d’une «résolution d’urgence» sur des affaires jugées depuis fort longtemps et dont la plus «urgente» date d’au moins deux ans? Et comment peut-on forcer le passage du scandale du Qatargate, qui, lui, est bien récent, en impliquant le Maroc, si ce n’est que le PE court après une légitimité en ressortant de vieux dossiers, dans lesquels le Maroc fait office de solution de facilité?
Ecran de fuméeL’analyse du contexte actuel en dit long sur les véritables motivations d’une telle attaque et son caractère «urgent». Une source bien informée nous explique que celle-ci intervient justement au moment où des accusations graves de corruption pèsent sur un grand nombre d’eurodéputés. «Les milieux hostiles cherchent à créer un écran de fumée à travers une résolution revancharde, basée sur des narratifs réchauffés et largement fantasmés. Cette résolution est un étalage où tous les extrémistes et marginaux sont venus cracher leur venin et déverser leurs diatribes hystériques», affirme-t-elle.
Cette campagne de harcèlement et d’acharnement n’est pas nouvelle. Pour la seule année 2022, le Maroc a fait l’objet de 112 questions parlementaires depuis le début de cette législature, 18 tentatives d’amendement, 4 tentatives de résolution et 2 tentatives de nomination au prix Sakharov de personnes qui n’ont rien à voir avec les droits de l’homme. Pour le seul cas du dénommé Omar Radi et la liberté de la presse, 3 résolutions ont été avortées cette même année 2022.
L’avalanche d’attaques a néanmoins franchi un seuil inédit en ce début d’année. C’est toute une institution –le Parlement européen– qui se trouve prise en otage, en l’absence de la majorité de ses membres. «Le PE est entraîné par ses propres extrêmes aveuglés, sur des chemins de traverse, au détriment de ses propres intérêts et valeurs et au seul profit de certains groupes qui servent un agenda caché», souligne notre source. À l’arrivée, une institution qui se dit démocratique exerce volontairement une pression sur un Etat souverain et harcèle sciemment son système judiciaire en s’ingérant dans ses procédures et en lui dictant ses lignes de conduite.
Les champions de l’ingérenceMieux, ceux qui agissent ainsi sont les premiers à crier au loup et à pointer du doigt le Maroc dans des soupçons d’ingérence dans une tentative d’intimidation d’un pays qui avance et qui, tout en consolidant sa coopération avec l’Union européenne (UE), est résolument tourné vers la diversification de ses partenariats (notamment avec les Etats-Unis, Israël et la Chine). «Et si le Parlement européen est à ce point perméable aux infiltrations d’un petit pays comme le Maroc, que dire alors des grandes puissances et, surtout, de ces grands groupes et multinationales qui en font leur terrain de jeu et de lobbying?», remarque notre interlocuteur.
Le lobbying des Etats dans le PE est epsilon comparé aux groupes industriels. Les remous suscités par l’admission des produits agricoles traités au chlordécone, un pesticide jugé dangereux, mais aussi l’inclusion du gaz et du nucléaire dans la liste des «énergies vertes» de l’UE et toutes les pressions exercées sur le PE sont encore vifs. Mais au lieu de se pencher sur des dossiers éminemment européens, certains préfèrent la fuite en avant, en épinglant cette fois le Maroc. «Ceux qui se plaignent de l’ingérence sont, en fait, les champions de l’ingérence», ironise une source au ministère des Affaires étrangères.
S’agissant du Maroc, il convient de rappeler que l’objet principal de cette résolution, Omar Radi, a été arrêté, poursuivi et condamné à 6 ans de prison pour viol et espionnage, des faits de droit commun incriminés par le Code pénal marocain, qui n'ont aucun rapport avec sa qualité de journaliste ni, de façon générale, avec son droit à la liberté d'expression et d'opinion. La qualité de journaliste ne saurait en soi l'exonérer de sa responsabilité pénale. Sa condamnation a été prononcée à l'issue d'un procès équitable durant lequel tous les droits de la défense ont été garantis, et ce, conformément aux dispositions du Pacte international relatives aux droits civils et politiques. Omar Radi a fait une victime qui, à ce jour, ne se remet toujours pas du choc qu’elle a subi. Cette victime a un nom: Hafsa Boutahar. Elle a une vie et un destin brisés à jamais. Le PE s’en soucie-t-il? Pas le moins du monde. Il lui préfère ce qui est plus rentable: un focus indu sur son ravisseur, dans une démarche cynique qui nie complètement les droits de la victime. La justice marocaine s’en est par contre occupée et c’est son devoir. Et une fois de plus, les procédures judiciaires enclenchées contre Radi n’ont aucun rapport avec sa qualité de journaliste.
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Transparence? A la bonne heureForçant le trait, la «résolution» accuse le Maroc de mener des actions pour influencer les décisions européennes, notamment au sein du PE, sur les sujets en relation avec le Royaume (Sahara atlantique, accords commerciaux, droits de l’homme…). Tout est de savoir où est le mal dès lors qu’aucune attitude répréhensible, telle que la corruption, n’est établie. «A l’instar de tous les pays, le Maroc a toujours défendu ses intérêts dans le cadre de ses relations avec ses différents partenaires étrangers. L’UE est un partenaire stratégique du Maroc. Ils ont, depuis plus d’un demi-siècle, œuvré ensemble avec l’implication de toutes les institutions européennes pour le développement des relations bilatérales dans divers domaines dans l’intérêt des deux parties», indique notre source. Pour elle, ce sont les réalisations du Royaume, tant avec l’Union européenne qu’avec d’autres partenaires, qui incommodent certaines parties et qui provoquent des réactions et manœuvres inappropriées et incompréhensibles.
Rappelons, sur le registre de la transparence, que le Maroc a toujours appelé à travailler dans le cadre des institutions établies par les deux parties, y compris au sein du PE. Il a insisté à plusieurs reprises sur le renforcement du rôle de la Commission parlementaire mixte (CPM) pour éviter l’intervention de parties malintentionnées dans les dossiers liés aux relations Maroc-UE. Mais durant cette législature, la CPM a mis beaucoup de temps pour se mettre en marche en raison, d’ailleurs, des tergiversations côté européen. Elle est aujourd’hui opérationnelle pour traiter tous les sujets concernant le Maroc et son partenariat avec l’UE.
Pour le Maroc, le renforcement des règles de transparence au sein du PE ne peut être que bénéfique pour éviter certaines dérives, telles que la constitution d’un intergroupe «Sahara occidental» –créé par le Polisario et l’Algérie– et l’acharnement flagrant et non justifié de certains eurodéputés sur le Royaume sans aucun contrôle de la part du PE.
En attendant, le pays est doublement pénalisé: il y a, d’une part, cette campagne médiatico-politique injustifiée et, d’autre part, l’adoption de mesures telles que la résolution de ce jeudi par le PE qui le stigmatise à tort. Et c’est inacceptable.