Porté par le président Abdelmadjid Tebboune, le projet d’une union maghrébine restreinte –excluant délibérément le Maroc– devait initialement réunir à Tripoli, l’Algérie, la Tunisie et la Libye. Cette initiative, présentée comme un «partenariat stratégique», s’inscrivait dans une série de tentatives visant à marginaliser Rabat sur la scène régionale, rapporte Al Ahdath Al Maghribia du vendredi 18 avril.
Pourtant, dès sa conception, cette coalition a suscité la méfiance. La Mauritanie, sollicitée dans un premier temps, avait déjà refusé d’y prendre part, réduisant l’alliance à un trio fragile. Le coup de grâce est venu de Tripoli, quand le Haut Conseil d’État libyen a désavoué le président du conseil présidentiel libyen, Mohamed El-Manfi, en opposant son veto à la tenue de ce sommet. Les autorités libyennes ont clairement signifié leur refus de servir de relais à une manœuvre perçue comme une ingérence dans les tensions algéro-marocaines. Cette décision reflète non seulement les divisions internes en Libye, mais aussi une réticence croissante des pays voisins à s’engager dans une alliance ouvertement hostile au Maroc.
L’ancien porte-parole du conseil présidentiel libyen, Mohamed Al-Sallak, avait appelé la présidence de ce conseil à ne pas outrepasser ses prérogatives en prenant des décisions qui impliqueraient la Libye dans la crise entre le Maroc et l’Algérie. Il estime que la création de cette entité, excluant le Maroc et la Mauritanie, ne ferait qu’aggraver les divisions au lieu de favoriser la cohésion et la coopération régionale.
En Tunisie, malgré la proximité affichée du président Kaïs Saïed avec Alger, des voix s’élèvent pour dénoncer les risques d’une telle alliance. L’ancien président Moncef Marzouki a rappelé que l’Algérie avait, par le passé, bloqué des initiatives d’intégration maghrébine au nom du conflit du Sahara marocain. Aujourd’hui, avec le retrait libyen, le régime algérien ne peut plus compter que sur une Tunisie affaiblie politiquement, ce qui réduit considérablement la portée de son projet, relaie Al Ahdath Al Maghribia.
Cet échec souligne les limites d’une diplomatie algérienne fondée sur l’exclusion et la confrontation. En cherchant à instrumentaliser ses voisins pour isoler le Maroc, Alger se heurte à une réalité géopolitique implacable: aucun pays maghrébin n’est prêt à sacrifier ses intérêts au profit d’un agenda unilatéral.








