Un dirigeant du PJD dresse un réquisitoire contre le gouvernement Akhannouch et se pose en alternative

Mohamed Amekraz, ministre de l'Emploi et de l'Insertion professionelle.

Mohamed Amekraz . DR

Revue de presseDans une interview substantielle accordée à l’hebdomadaire Al Ayyam, Mohamed Amekraz, dirigeant du PJD, livre une analyse sans concession du bilan du gouvernement Akhannouch. L’ancien ministre y dépeint une gestion marquée par des échecs économiques patents et des pratiques politiques controversées, tout en présentant sa formation comme une alternative prête à reprendre les rênes de l’Exécutif.

Le 12/09/2025 à 21h10

Mohamed Amekraz, ancien ministre et membre du secrétariat général du PJD, a livré un réquisitoire sévère contre l’action du gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch. À l’issue d’un bilan aussi politique qu’économique, il estime que la coalition au pouvoir a accumulé les échecs, tant dans la réalisation de ses engagements que dans la moralisation de la vie publique.

Sur le plan économique, le dirigeant islamiste fustige un écart abyssal entre les promesses et les réalisations. Il invoque des indicateurs qu’il qualifie de «très faibles, voire catastrophiques»: une croissance économique oscillant entre 2,2 % en 2022 et 3,8 % en 2024, bien en deçà de l’objectif de 4 % affiché par l’Exécutif. Le chômage, souligne-t-il, a atteint un niveau record à 13,3 % en 2024, un seuil alarmant qui n’avait plus été enregistré depuis un quart de siècle, relaie Al Ayyam.

Face à l’engagement de créer un million d’emplois, le gouvernement n’en aurait généré que 100.000 entre 2022 et fin 2024, une performance qu’il juge dérisoire, surtout en comparaison des 200.000 postes créés en 2021 sous la mandature du PJD. Amekraz dénonce une gestion qu’il assimile à de l’improvisation, arguant que ce n’est qu’en février 2025, après «l’explosion des chiffres du chômage», qu’un plan spécifique a été élaboré.

Cette inertie révèlerait, selon lui, des promesses électorales dénuées de toute volonté réelle de mise en œuvre. La critique s’étend à la gestion des deniers publics, marquée par ce qu’il présente comme un favoritisme éhonté. Il accuse l’exécutif d’avoir «injecté des sommes astronomiques dans les poches des chanceux et des proches politiquement», citant en exemple le système de subventions à l’importation des viandes rouges.

Pire, le gouvernement aurait opposé une fin de non-recevoir à la constitution d’une commission d’enquête parlementaire sur ce dossier, offrant ainsi une «protection» aux bénéficiaires de ces largesses. Il pointe également du doigt la hausse incompréhensible des prix des carburants malgré la baisse des cours pétroliers internationaux, et qualifie la mise en œuvre du programme de protection sociale d’«opportuniste», visant selon lui à marquer des points illégitimes contre les gouvernements précédents. Politiquement, Amekraz décrit une équipe gouvernementale absente et muette, laissant un «grand vide» dans la communication face à une opinion publique agitée par de graves affaires.

Ce «silence assourdissant» face aux critiques tangibles serait, à ses yeux, l’aveu d’une incapacité à répondre aux préoccupations citoyennes, relaie l’hebdomadaire Al Ayyam. Anticipant un sévère revers pour la coalition RNI-Istiqlal-PAM aux prochaines élections, qu’il attribue à une «colère populaire intense», le dirigeant du PJD présente sa formation comme la force montante. Après s’être «ressourcé» et réorganisé en interne suite à ce qu’il perçoit comme une injustice lors des scrutins de 2021, le parti se dit prêt à combler le «vide politique» et, si les citoyens lui en accordent la confiance, à reprendre la direction des affaires gouvernementales.

Par Hassan Benadad
Le 12/09/2025 à 21h10