Ayant échoué à bloquer le retour du Maroc à l’UA, Alger cherche à créer une tension dans les instances de l’organisation africaine via son diplomate, l’Algérien Ismail Chergui, élu dans des conditions interlopes à la tête de la plus importante commission de l’UA: la Commission paix et sécurité (CPS). Ce dernier a improvisé lundi une réunion ad hoc entre le Maroc et la «RASD» qui a fait pschitt et à laquelle n'ont assisté -en plus de l’Algérie et de vizirs de la «RASD » qui voyagent avec des passeports diplomatiques algériens- que deux pays: le Niger et le Kenya.
Hier, jeudi 23 mars, l’agence officielle algérienne APS a publié deux dépêches fleuves pour rendre compte d’un document de 12 pages, rédigé par l’Algérien Ismail Chergui en sa qualité de commissaire de la CPS. Jusque-là, aucune autre agence de presse au monde n’a donné d’importance à ce document. Ce détail n’est pas anodin. L’Algérien à la tête de la plus importante commission de l’UA rédige un document entièrement à charge contre le Maroc et l’agence officielle algérienne est la seule à en rendre compte. Décidément, Alger est présente chaque fois que des mesures hostiles sont entreprises contre le Maroc.
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Ce document de douze pages, violente diatribe contre le Maroc, rassemble tous les éléments de langage fournis depuis des années par Alger à ses diplomates. Chergui (s’il n’a pas reçu le document directement d’Alger) aura fait un assemblage des «angles d’attaque» qui sont sur les bureaux de tous les diplomates algériens dans le monde. Cela donne en matière des droits de l’Homme: «Des rassemblements de soutien à l'autodétermination du territoire sont systématiquement empêchés. Les Sahraouis qui expriment des opinions favorables à l'indépendance et défendent les ressources naturelles du territoire sahraoui font l'objet de harcèlement, d'emprisonnement politique et d'abus».
La prétendue «exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental» est également largement relayée par ce document, alors que tout le monde sait ou devrait savoir que pour chaque dirham que rapporte le Sahara, dix sont dépensés par les autorités marocaines. L’effort d’investissement dans le Sahara atlantique est en train de transformer une région où il n’y avait pratiquement rien, en un pôle de développement bénéficiant avant tout aux populations locales.
Le document de M. Chergui, qui reprend toutes les armes mises à disposition de ses pairs par Alger, cite l'arrêt rendu le 21 décembre 2016 par la Cour de justice de l'Union européenne concernant les accords entre l'UE et le Maroc concernant les produits agricoles et de pêche. Il le cite de façon sélective en pointant uniquement du doigt le caractère distinct des territoires du Sahara. Il oublie de mentionner que cet arrêt ne reconnaît pas au Polisario ni aux visirs de la «RASD» conviés à son show, la qualité de représenter les populations du Sahara. Une décision capitale et qui devrait priver les responsables du Polisario de parler au nom des populations qui vivent dans le Sahara. Il omet également de souligner que cet arrêt conditionne –et c’est l’essentiel– l’implication du Sahara occidental dans les accords entre le Maroc et l’UE au consentement des populations qui y vivent. Or ces populations élisent par un suffrage direct des élus qui les représentent et qui ont la légitimité de se prononcer au sujet de ce consentement.
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La volonté de l’escaladeDans ce même document, l’Algérien Chergui affirme que la commission qu’il préside a «décidé de réactiver le Comité ad hoc des chefs d'Etat et de Gouvernement sur le conflit au Sahara occidental». Pire: il demande à la Commission de l'UA de prendre «immédiatement» les mesures nécessaires pour la «réouverture» du bureau de l'UA à Laâyoune. Depuis quand y avait-il là un bureau de l’UA qui puisse être réouvert? Peut-être que M. Chergui voulait parler de l’ouverture d’un bureau de l’UA.
Autre décision qui va dans le sens de la provocation: l’Algérien demande au président de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, de prendre les mesures nécessaires pour permettre au représentant de l'UA, le Mozambiquien Joaquim Chissano, «d’assumer immédiatement son mandat». La CPS charge de surcroît Chissano «d'effectuer une mission sur le terrain au Sahara occidental au cours de l’année 2017».
L’Algérien Chergui semble sciemment ignorer que le conflit du Sahara relève de la responsabilité de l’ONU et que si M. Chissano veut avoir un rôle à jouer dans la résolution de ce conflit, il faudrait que le SG de l’ONU, Antonio Guterres, le nomme comme son représentant personnel pour le Sahara. Compte tenu de sa partialité flagrante en faveur d’Alger dans ce dossier, Joaquim Chissano s’est disqualifié de toute médiation dans le conflit et le seul rôle qu’il peut jouer consiste à faire du lobbying en faveur d’Alger.
Les raisons de la charge du commissaire algérienPar ce document, Alger cherche à montrer que le retour du Maroc à l’UA ne va rien changer au traitement du conflit du Sahara dans l’organisation panafricaine. Alger n’a même pas fait dans la tension progressive. Le commissaire algérien avait pris l’habitude de produire un document similaire pendant les années qui ont précédé le retour du Maroc à l’UA et il a voulu montrer que la présence du royaume au siège de l’UA n’y changerait rien.
Interrogé à ce sujet par le360, un diplomate africain rompu aux rouages de l’UA a expliqué que «la réunion à laquelle le Maroc n’a pas participé ne revêt aucun aspect contraignant. C’est une invitation que l’ambassadrice du Maroc pouvait accepter ou décliner». Et d’ajouter: «L’ambassadrice du Maroc a fait un choix qui était prévisible. Ce qui me porte à croire que le commissaire algérien a provoqué la réunion entre le Maroc et la RASD dans le seul but de chercher un prétexte pour produire son document à charge». Notre interlocuteur précise: «je pense que peu de diplomates africains seront dupes de cette manœuvre».
Le commissaire algérien s’est lâché avec une virulence qui témoigne d’un désarroi, voire d’une colère mal contenue. On sait que le niveau du «diplomate» Chergui ne vole pas très haut. Nous en avons eu une preuve suffisamment éloquente quand il a justifié, lors d’un entretien téléphonique avec la télévision algérienne Chourouk news, le fait ne n’avoir pas salué le roi Mohammed VI, à l’occasion du discours historique qu’il a prononcé le 31 janvier à l’UA, par cette phrase: «nous ne sommes pas dans un souk». Une réponse qui témoigne de la vulgarité et de la rage de ce diplomate algérien qui a mal digéré l’accueil très chaleureux réservé au roi à Addis-Abeba.
Le niveau très bas de l’Algérien Chergui témoigne aussi du mépris où il tient les autres commissaires de l’UA qui ont tous échangé une poignée de main avec le souverain.
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Revenons aux raisons de la colère d’Alger. Il y a évidemment la volonté de montrer que le retour du Maroc à l’UA ne va pas modifier les rapports de force dans les instances de cette organisation, ni les habituelles charges de la commission présidée par l’Algérien. Il y a aussi la volonté d’imposer par un incident le dossier du Sahara à l’UA alors même qu’il existe tellement de sujets prioritaires dans le continent et qui nécessitent un traitement urgent.
Le pouvoir algérien traverse une période périlleuse: président invisible, chef de l’Etat-major qui convoite son poste, lutte clanique, baisse des prix des hydrocarbures, baisse des recettes en devises, manque d’argent pour continuer à maintenir la paix sociale grâce à un système de rente et grave erreur de casting en imposant à la tête du Polisario Brahim Ghali qui a été convoqué par la plus haute instance pénale en Espagne pour torture, séquestration et crime; ce qui réduit considérablement la liberté de déplacement du chef du Polisario et pousse nombre de responsables à éviter de le rencontrer.
De plus, les membres de l’UA ne sont pas dupes des manœuvres du commissaire algérien. On n’impose pas au forceps des mesures comme essaie de le faire l’Algérien. Le rôle de l’UA devrait être un facilitateur de dialogue, surtout entre l’Algérie et le Maroc, pour dépasser un différend qui prend en otage toute une région et porte préjudice aux populations qui y vivent. Or, l’Algérien Chergui gesticule dans tous les sens et oublie les principes fondateurs de l’UA. Sa frénésie est un bon indicateur pour prendre la température du pays qu’il représente. Au risque de l’enrager davantage et de lui faire perdre le peu de poils qui lui restent: son document restera lettre morte au même titre que ceux qu’il a produits les années précédentes.