Le hirak dans les camps de Tindouf a complètement éclipsé l’anniversaire de la création du Polisario, qui coïncide avec le 10 mai. L’agence de presse des séparatistes s’est contentée de publier un communiqué dans lequel elle indique que «l'événement a été fêté dans des circonstances mondiales et régionales inédites et une attention particulière pour le dossier du Sahara à travers l’appel du conseil de sécurité, dans sa dernière résolution, à reprendre les négociations». Fini les articles dithyrambiques et les discours incendiaires que les responsables séparatistes servaient chaque année aux séquestrés de Tindouf. Autant dire que le Polisario vit une crise sans précédent et que ses dirigeants ont perdu la boussole, ainsi que toute influence sur la population des camps. Pour preuve, Brahim Ghali n’arrive même pas à organiser un congrès ordinaire depuis qu’il a été désigné chef des séparatistes lors d’un congrès extraordinaire. Le Polisario a, dans un communiqué, reconnu son incapacité à organiser un congrès dans les conditions actuelles. Une incapacité qu’il justifie par le retard pris par la «commission de réflexion qui n’a pas pu terminer l’élaboration de véritables décisions répondant aux aspirations des habitants des camps».
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 17 mai, que ce mensonge n’a pas été gobé par les habitants des camps. Les internautes qui suivent, dans les plus petits détails, ce qui se passe au sein de leur direction, l’ont fait savoir en publiant des messages sur les réseaux sociaux: «Les dirigeants du front ne peuvent plus pratiquer leur politique habituelle de désinformation avec une gestion aussi confuse. Le Hirak qui se déroule en Algérie leur a brouillé les cartes. Du coup, ils ne peuvent plus aujourd’hui constituer une direction avec les ingrédients du passé». Le communiqué du report du congrès a provoqué de nombreuses réactions à l’intérieur des camps de Tindouf, notamment parmi les jeunes, dont ceux qu’on appelle les «instigateurs de l’initiative du changement». Tout le monde considère que Brahim Ghali a perdu sa légitimité faute d’élections et à cause des poursuites judiciaires dont il fait l’objet de la part des autorités espagnoles. Sans oublier, bien sûr, l’atteinte aux libertés des habitants des camps avec les dossiers de disparitions et de torture, ainsi que l’atteinte à la liberté de circulation.
Face à son incapacité à circonscrire le Hirak, le Polisario a eu recours à ce qu’il appelle des militants de droits de l’Homme, dans les provinces du sud. Ces derniers ont essayé de ternir l’image des contestataires des camps de Tindouf en prétextant l’intervention de forces étrangères, «marocaines essentiellement». Ils ont, aussi, usé du discours accusatoire de traîtrise à l’encontre des jeunes dont le seul tort est d’avoir fait des revendications sociales, avec à leur tête la liberté de circulation. Les jeunes des camps ont condamné énergiquement le comportement de ces pseudo «militants des droits de l’Homme» qui ont pris l’habitude de venir soutenir le groupe despotique qui détient l’exclusive mainmise sur le sort des habitants. Le désarroi du Polisario est tel qu’il a commencé à publier des communiqués mensongers que les jeunes ont qualifié de «stupides». Ces derniers évoquent notamment l’agence de presse des séparatistes qui qualifie de «victoire» la dernière résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara. Ils s’en moquent quand elle écrit encore que «l’anniversaire du Polisario coïncide avec des acquis politiques et diplomatiques au niveau mondial et continental». Les jeunes Sahraouis, cantonnés malgré eux dans les camps de Tindouf, se demandent de quels acquis le Polisario parle, quand on sait que le Maroc a réussi à percer tous les organes de l’Union Africaine (UA).