Devant les députés de la Commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement de la Chambre des représentants, et en présence de Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, les membres d’une mission parlementaire d’exploration portant sur la surexploitation des carrières du Royaume ont présenté hier, mardi 25 juin, les conclusions de leur rapport final.
Al Akhbar de ce jeudi 27 juin, qui relaie leurs principales remarques, signale que cette «surexploitation est corrélée à des rentes dans plusieurs sites [d’extraction de minéraux, Ndlr] et à diverses manœuvres relatives à une non-déclaration des quantités réelles extraites, en plus de pillages et de vols, ce qui fait perdre à l’État un montant total évalué à près de 900 millions de dirhams, chaque année».
Le quotidien précise que les membres désignés de cette commission parlementaire en ont conclu, à l’issue de leur mission d’exploration, que «l’exploitation des carrières reste liée à une économie de rentes, ce qui exige de renforcer le système global de gouvernance, avec une nécessaire transparence et [la réinstauration des règles nécessaires à une] concurrence libre et loyale, ainsi qu’une clarification et une meilleure fluidification de l’ensemble des procédures relatives à la gestion de ces exploitations».
Les membres de cette mission parlementaire ont aussi constaté, au fil de leurs visites sur le terrain, que cette filière englobait des entreprises qualifiées de «dangereuses en matière de rentes», et ont cité en exemple le site de Oulad Sakhar, où la région administrative de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma «exploite une carrière depuis 1993, alors que d’autres entreprises frôlent la faillite».
Plusieurs autres dysfonctionnements ont été notés par les membres de cette mission parlementaire, en ce qui concerne le système de gestion de cette filière, dont de multiples irrégularités ayant pour conséquence des répercussions négatives sur l’environnement immédiat des sites d’extraction, ainsi que sur les habitants qui vivent à proximité.
Les députés ayant conduit cette mission ont donc émis une série de recommandations contenues dans leur rapport final, afin de lutter contre ce système de rente et d’assurer plus de transparence à cette filière, dans le but de mieux en «promouvoir» la production, indiquent des sources interrogées par Al Akhbar.
Suite à la présentation des conclusions de ce rapport, Nizar Baraka a confirmé aux membres de la commission parlementaire que son département rencontrait des difficultés à déterminer les quantités réelles de minéraux extraits, ainsi qu’à relever l’ensemble des infractions qui pouvaient être commises.
Le ministre de l’Équipement et de l’Eau a ainsi souligné l’existence d’«irrégularités relatives à l’aménagement des carrières, à la déclaration des quantités réelles extraites, aux modes d’exploitation, au respect de l’environnement, [à la nature des] équipements, [ainsi qu’au respect des normes de] sécurité et de la protection» des personnes.
En ce qui concerne les évaluations statistiques effectuées par le département qu’il dirige, Nizar Baraka a indiqué que le nombre de carrières autorisées était de «2.920 sites, dont 16% sont à l’état d’abandon».
Le ministre a aussi précisé que les travaux d’extraction étaient suspendus dans 27% de ces sites, alors même que l’État ne dispose actuellement que de 2% de l’ensemble des carrières du Royaume qui se trouvent donc, dans leur immense majorité, sur des propriétés privées.