La moitié du sable extrait au Maroc provient de carrières illégales

Extraction de sable dans une carrière à ciel ouvert.. DR

Revue de presseDix millions de mètres cubes de sable sont illégalement prélevés, tout particulièrement dans le littoral du Royaume, et 50% à 60% des matériaux utilisés dans le BTP sont commercialisés de manière informelle. Tout ce sable illégalement extrait menace donc la durabilité de cette ressource naturelle. Une revue de presse d’Al Akhbar.

Le 09/06/2024 à 21h04

Dans un avis récemment diffusé et relayé par Al Akhbar de ce lundi 10 juin, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) lance un avertissement: au moins 10 millions de mètres cubes de sable sont illégalement prélevés tous les ans, surtout le long du littoral du Maroc, et la moitié de cette ressource, qui se retrouve à être utilisée dans le BTP, provient de carrières informelles.

Le quotidien précise que l’exploitation à outrance de certaines de ces carrières, au sable généralement non-renouvelable, «menace la durabilité de ces ressources, ainsi que le droit des générations futures d’accéder au même niveau de ressources».

Un rapport de l’ONU publié en 2019 prévenait déjà du fait que la moitié du sable annuellement extrait au Maroc, soit 10 millions de mètres cubes, provenait d’extractions illégales de cette ressource sur les côtes du pays.

Des trafiquants de sable, dénonce Al Akhbar, ont ainsi réussi à transformer la côte atlantique située entre Safi et Essaouira en un paysage rocheux désolé.

Le sable illégalement extrait de ces littoraux y est souvent prélevé pour construire des établissements hôteliers, des routes et d’autres infrastructures, ce qui favorise le développement d’une certaine forme de tourisme.

Le quotidien écrit aussi que, «dans certains endroits, la poursuite de ce type de constructions risque de conduire à une situation non-durable et à la destruction du principal attrait naturel que recherchent les visiteurs: les plages elles-mêmes».

Selon Al Akhbar, les insuffisances en capacités humaines et opérationnelles du ministère de l’Équipement et de l’eau en ce qui concerne la gestion de ces carrières n’aident pas à faire cesser ce désastre écologique.

Bien des sites où le sable est illégalement extrait échappent à la vigilance et au contrôle réguliers des autorités de tutelle, malgré l’instauration d’un cadre législatif et réglementaire et le suivi effectué sur ces carrières, où le sable est généralement extrait à ciel ouvert -il existe par ailleurs, explique le quotidien, des carrières sous-marines.

Globalement, relaie Al Akhbar qui reprend des éléments de l’avis émis par le CESE, la filière du sable extrait de différentes carrières dans le Royaume se retrouve fortement plombée par l’importance de rentes mises à profit par des détenteurs d’agréments dont la durée n’est pas définie, et par la persistance de pratiques informelles, lesquelles se manifestent selon deux cas de figure: des carrières non déclarées, ou encore des carrières autorisées mais dont les exploitants, légalement désignés, ont recours à des pratiques de fraude et de sous-déclaration de leurs revenus.

Le quotidien affirme qu’actuellement, 50 à 60% de cette ressource naturelle extraite (essentiellement du gravillon et du sable) se retrouve à être commercialisée de manière informelle, et précise que cette situation est à l’origine d’une «concurrence déloyale qui nuit à la filière, et prive la trésorerie de l’État et des collectivités territoriales de revenus supplémentaires».

Le rythme actuel de l’élaboration des schémas régionaux de gestion des carrières prévus par les dispositions du projet de loi 27-13, jugé lent, n’aide en rien à la résolution de cette situation, pourtant préoccupante.

En effet, la publication au Bulletin officiel de certains schémas prévus par ce texte de loi n’a pas encore eu lieu, ce qui entraîne un retard dans l’application de ses dispositions et affecte donc l’efficacité des mécanismes d’autorisation et de contrôle de l’exploitation du sable.

De même, le système actuel d’information sur les carrières de sable est encore rudimentaire, et ne permet pas de disposer d’une base de données permettant une gouvernance efficiente de cette filière.

Un accès rapide et facile aux informations, la mise à jour des données existantes en fonction de l’évolution de l’activité de la filière, et la ventilation des données par régions font donc encore cruellement défaut.

Par Amyne Asmlal
Le 09/06/2024 à 21h04