Souveraineté du Maroc et plan d’autonomie: l’ambassadeur Buchan et l’émissaire Boulos scellent la ligne US sur le Sahara

Duke Buchan III, Marco Rubio et Massad Boulos.

La prise de parole devant le Sénat américain de Duke Buchan III, candidat au poste d’ambassadeur à Rabat, et la tournée régionale de Massad Boulos, émissaire spécial de Trump, envoient un double signal fort: la ligne américaine soutenant la souveraineté marocaine sur le Sahara ne varie pas. Elle se consolide. Et les États-Unis balisent le terrain pour un règlement accéléré du conflit sur la base du plan d’autonomie, seule et unique solution viable pour Washington. La diplomatie américaine entend traduire ses engagements en actes concrets. Pour Alger, la séquence sonne comme la fin de l’aventure séparatiste.

Le 30/07/2025 à 10h30

La dynamique américaine en vue d’un règlement rapide du différend sur le Sahara gagne en intensité. Ferme quant à son soutien à la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud, la diplomatie US vient de franchir un nouveau seuil de clarté et de continuité, à la faveur d’un double signal envoyé en l’espace de quelques jours. D’un côté, l’audition par le Sénat, le 29 juillet, de Duke Buchan III, désigné par Donald Trump comme futur ambassadeur au Maroc. De l’autre, la tournée régionale de Massad Boulos, conseiller spécial du président américain pour l’Afrique et le Moyen-Orient, qui s’apprête à rallier Rabat, après une escale à Alger. Deux trajectoires parallèles, mais un même message. La ligne Trump sur le Sahara reste inchangée, et entend se traduire en actes concrets.

Banquier d’affaires et investisseur aguerri, Duke Buchan III, 61 ans, n’est pas un novice dans l’appareil diplomatique américain. Madrid et Andorre furent déjà ses terrains de manœuvre de 2017 à 2021. En prenant la parole devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, il a déroulé une feuille de route limpide. D’abord, ancrer la relation entre le Maroc et les États-Unis dans l’histoire. Fin connaisseur du Royaume, le diplomate a vanté «un pays magnifique, fascinant et stratégique». «Le Maroc est l’un de nos plus anciens partenaires. Notre traité de paix et d’amitié remonte à 1786. Depuis près de 240 ans, notre relation bilatérale a rendu les Américains et les Marocains plus sûrs, plus forts et plus prospères», a-t-il martelé, rappelant la profondeur du lien stratégique entre les deux nations. Ensuite, consolider le partenariat sécuritaire, à l’image de l’exercice African Lion et de la coopération antiterroriste. Enfin, affirmer la permanence de la position américaine sur le Sahara. Washington soutient sans équivoque la souveraineté marocaine et le plan d’autonomie comme seule solution crédible et réaliste. Devant les sénateurs, Duke Buchan III n’a pas manqué de le rappeler (Voir vidéo à partir de 12:25).

Cette ligne de fermeté n’est pas nouvelle. Elle s’inscrit dans la continuité du décret présidentiel signé par Trump en décembre 2020, et réaffirmé depuis l’administration Trump II. «Le Secrétaire d’État Rubio a réitéré que les États-Unis reconnaissent la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et soutiennent la proposition d’autonomie sérieuse, crédible et réaliste du Maroc comme seule base pour une solution juste et durable au différend», a rappelé le diplomate américain. «Je faciliterai les progrès vers cet objectif», a promis Buchan. L’idée est de faire place à davantage de prospérité partagée. «Le Maroc est également un partenaire économique modèle. Les États-Unis et le Maroc entretiennent une relation commerciale solide… Mon rôle sera d’accroître les opportunités pour les entreprises américaines et accompagner les ambitions du Maroc, notamment dans les secteurs de la technologie, des transports, de l’agriculture et de l’énergie», a souligné le diplomate.

Alors que Buchan exposait ses priorités à Washington, Massad Boulos, figure montante de la nouvelle garde trumpiste, était à Alger. Reçu par le président Tebboune, le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf et celui de l’Énergie Mohamed Arkab, Boulos a évoqué «d’immenses opportunités de coopération». Le régime d’Alger aurait espéré autre chose en échange, mais ce sera à peu près tout. Le soutien américain au Maroc est une constante. Le plan marocain pour le Sahara reste, aux yeux de Washington, la seule voie de règlement.

C’est bien le cœur du message transmis tout au long de la tournée de Boulos qui l’a conduit en Tunisie, Libye, Algérie puis, incessamment, Maroc. Chaque étape alimente la même équation diplomatique. À court terme, il s’agit de rouvrir le dossier saharien dans une logique de deal-making, chère à Trump. À l’arrivée, l’objectif est de repositionner les États-Unis comme principal acteur de l’issue du conflit.

Pour Alger, la séquence est un rappel à l’ordre limpide. L’escale algérienne de Boulos, présentée comme un jalon d’écoute et de partenariat, s’inscrit en réalité dans une dynamique qui ferme la porte à toute remise en cause de la reconnaissance américaine du Sahara marocain. Le rappel de cette ligne par Rubio lors de sa rencontre avec Bourita, en avril dernier, avait déjà balisé le terrain. Boulos avait d’ailleurs fait sienne cette position. Sur le réseau social X, il avait partagé une publication du secrétaire d’État Marco Rubio dans laquelle ce dernier réaffirmait l’appui de Washington à la souveraineté du Maroc sur le Sahara. «Déclaration forte du secrétaire Rubio réaffirmant sans équivoque la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara», avait commenté le conseiller spécial.

Aujourd’hui, Washington assume que la solution devra être actée «dans les mois à venir», selon le calendrier évoqué par l’émissaire spécial.

L’architecture diplomatique américaine se dessine ainsi au grand complet. Un ambassadeur dévoué et efficace, un émissaire agile, un secrétaire d’État droit dans ses bottes. Trois niveaux d’action pour ancrer le dossier saharien au cœur de la relation stratégique maroco-américaine, au-delà des aléas électoraux ou des changements d’administration. Avec cela de différent: le regain d’engagement américain se traduit par des actions et des délais. La visite imminente de Massad Boulos au Maroc, ultime étape de sa tournée, promet de rebattre bien des cartes pour les mois à venir.

Par Tarik Qattab
Le 30/07/2025 à 10h30