Il aura suffi d’un message, aussi court que net et précis, relayé par la sérieuse et crédible agence de presse américaine Associated Press pour que toute l’Algérie des généraux soit sens dessus dessous.
Le message est signé d'Antony Blinken, mercredi 30 mars 2022 à Alger, et il ne se prête à aucune interprétation. Pour le secrétaire d’Etat américain, l’Algérie doit «chercher à améliorer ses relations avec le Maroc voisin», écrit AP. C’était juste après la rencontre du chef de la diplomatie américaine avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Assez pour dire de quel côté se situe la diplomatie américaine et pointer la responsabilité du régime militaire algérien, qui entretient sa haine du Maroc et nourrit le conflit autour du Sahara marocain.
Et pour cause: l’Algérie «maintient la pression sur le Maroc pour sa revendication du Sahara» en soutenant les séparatistes du Polisario, écrit AP. L’agence souligne à ce propos «l’enfermement» d’Alger dans un «un âpre différend» avec le Maroc sur la question et d’une «franche opposition» du pouvoir algérien à la proposition d’autonomie sous souveraineté marocaine des Provinces du Sud. «Plus tôt ce mois-ci, et en colère, l'Algérie a rappelé son ambassadeur en Espagne après que le gouvernement espagnol a soutenu l’offre du Maroc -un énorme changement», rappelle AP.
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L’agence de presse précise que, du point de vue officiel américain, le plan marocain est (toujours) présenté comme «sérieux, réaliste et crédible». Mieux, le Maroc a obtenu la reconnaissance américaine pour sa revendication du Sahara dans le cadre d’un accord tripartite unissant le Royaume, les Etats-Unis et Israël, signé en décembre 2020 sous l’ancien président Donald Trump, indique AP. L'administration US actuelle «n'a pas révoqué la décision de Trump», poursuit AP.
«Dans une rare approbation d'une initiative de politique étrangère de Trump, l'administration Biden a signalé son plein soutien aux accords d'Abraham et s'est engagée à essayer de les étendre et de les renforcer», spécifie la dépêche de l'agence de presse américaine.
Il n’en a pas plus fallu au régime algérien pour qu’il lâche de nouveau son venin. Par la voie de l'inénarrable scribouillard et (vrai) faux diplomate Amar Belani, portant le titre pompeux d’«envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb», le pouvoir algérien dément, parlant d’une «dépêche lapidaire d’AP», «bâtie sur une extrapolation malveillante qui frise la manipulation».
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Quand on sait la capacité du régime algérien à inventer des histoires à dormir debout, à coups de grands mots creux, il est facile de choisir qui croire.
Alger a été la dernière étape d’une tournée du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, qui l'a mené dans trois pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Israël, le Maroc, en plus de l’Algérie).
Enfin, cet autre cadrage américain, et non des moindres: Blinken a également appelé l'Algérie à limiter ses liens avec la Russie, qui mène une guerre «injustifiée» contre l’Ukraine, écrit AP. Le chef de la diplomatie américaine a déclaré que le conflit ukrainien devrait amener tous les pays à réévaluer leurs relations avec la Russie et à exprimer leur soutien à l'intégrité territoriale des autres Etats. «Je sais que c'est une chose à laquelle les Algériens tiennent beaucoup», a-t-il déclaré.
Le président algérien, dont aucun fait et geste ne doit heurter les généraux, a, plusieurs fois dans le passé, qualifié la Russie de «pays frère», écrit AP, précisant que «l'Algérie entretient des liens étroits avec la Russie depuis son indépendance de la France en 1962 et est un important acheteur d'armes russes». Mais là encore, tout ce que Amar Belani et ses seigneurs ont trouvé à dire a été… de ne rien dire, en se murant, encore une fois, dans un déni et un terrible isolement de plus en plus difficile à occulter.