Serait-ce le début de la reddition des comptes pour certains hauts responsables, jusque-là considérés comme intouchables? C’est ce que laisse croire la récente purge opérée par Saâd-Eddine El Othmani dans les rangs de la haute administration de la santé publique, d’après des sources citées par le quotidien arabophone Assabah, dans son édition du mercredi 27 juin.
Le premier ministre vient en effet de remettre à la justice les dossiers de quelques hauts fonctionnaires du ministère de la Santé, soupçonnés d’agir dans l’illégalité dans l’exercice de leurs fonctions. L’on apprend que, suite à la mission de contrôle diligentée par l’Inspection générale du ministère de la Santé, un rapport a été transmis par le ministre de la Santé, Anas Doukkali, au chef de l’Exécutif. Le rapport pointe du doigt un certain nombre d’anomalies et de zones d’ombre dans la gestion de certaines directions, et en premier lieu de la Direction des médicaments, dont le directeur pourrait comparaître devant la justice pour répondre d'une gestion qui faisait peu de cas du respect de la légalité: chantage exercé sur des patrons de laboratoires pharmaceutiques (un grief qui le poursuit depuis un certain temps sans qu’il fût inquiété); octroi d’autorisations de commercialisation de médicaments au Maroc à des «labos» douteux ne disposant pas d’unité de production localisable ou traçable...
Les mis en cause attendent donc la décision du Parquet pour savoir s’ils seront poursuivis en état d’arrestation ou de liberté. C’est la conclusion de l’instruction qui le dira. Dans la foulée, Saâd-Eddine El Othmani persiste et signe en annonçant, sur son compte Facebook, que d’autres dossiers seront remis entre les mains de la justice pour trancher sur des cas de gabegie et de malversation. Des dossiers susceptibles de conduire les responsables visés à la prison, au vu de la gravité des faits. Il ajoute encore qu’il ne fera pas de cadeau dans sa lutte contre la corruption et que l’assainissement se poursuivra avec fermeté. S’agissant des dossiers en cours d’instruction, les sources du quotidien arabophone affirment que le filet de la justice pourrait fort bien s’étendre à des professionnels de la santé et du médicament compromis dans des transactions frauduleuses avec des responsables du ministère de la Santé.