En invitant un groupe de journalistes espagnols à un séjour gratuit à Tindouf afin de relayer sa propagande, le Polisario s’est pris à son propre piège. Pourtant, tout avait été mis en oeuvre pour tenter de donner un écho, dans la presse espagnole, à une guerre totalement imaginaire que le front séparatiste mènerait au Maroc depuis... le 13 novembre. Ainsi, comme l’explique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 21 octobre, le Polisario a organisé un voyage de presse de plusieurs jours pour des représentants de certains médias ibériques. Naturellement, c’est l’Algérie qui a réglé la facture. Bien sûr, l’alibi, pour cette visite, était la commémoration de ce que le Font désigne comme sa «journée de l’union nationale».
En réalité, l'objectif de cette manœuvre était tout autre. Les chefs du Polisario voulaient faire suivre aux journalistes «embadded» des attaques en direct contre le dispositif de sécurité marocain. Mais -et c’est une journaliste du quotidien El Pais qui raconte-, lors de leur tentative d’incursion dans la zone tampon à l’Est du Mur de sécurité, ils ont été accueillis par des tirs de sommation des FAR, immédiatement après cette nouvelle provocation des séparatistes. Les miliciens du Polisario ont aussitôt pris la fuite, laissant les journalistes livrés à leur sort, tout en leur signifiant clairement qu’ils n’étaient pas responsables de leur sécurité.
La journaliste d’El Pais, qui a été la seule à faire montre de suffisamment d’intégrité professionnelle pour raconter les faits tels qu’ils se sont produits, parle d’escarmouches du Polisario plutôt que de guerre, comme le voudrait la propagande séparatiste. Les milices armées du Polisario, qui ont bien lancé deux missiles balistiques de fabrication russe, se trouvaient à la portée des radars des FAR. Ces derniers n’ont pas hésité à riposter en tirant trois coups de mortier (120 mm) à proximité des éléments armés du Polisario et des journalistes qui les accompagnaient. La riposte des FAR a été évidemment bien calculée. La présence des journalistes parmi le convoi armé des séparatistes ne leur a pas échappé. Personne n’a donc été blessé et tout cela s’est passé, de nuit, devant les caméras des journalistes espagnols qui ont également filmé la scène de la fuite des milices du mouvement séparatiste.
Les journalistes espagnols, souligne Al Ahdath Al Maghribia, auront retenu de cette aventure que la guerre dont ne cesse de parler le Front et dont se font inlassablement écho les médias officiels algériens n'existe pas. Les éléments de la Minurso ont d’ailleurs consigné cela dans les rapports de la mission. C’est un fait. Ils ont également appris de la bouche même des éléments armés du Polisario que ces derniers ne pouvaient aucunement garantir la réussite de leurs attaques. Ils ne pouvaient non plus assurer la sécurité de leurs invités qu’ils ont emmenés dans la zone tampon.
Ainsi et juste avant de prendre la fuite, il se sont contentés d’inviter les journalistes espagnols à quitter les lieux à leur tour. Ces derniers, livrés à eux-mêmes en plein désert, ont été obligés de passer la nuit à la belle étoile en attendant leur évacuation, le lendemain matin, à bord d'un vol privé pour Alger, d’où ils ont pu regagner leur pays. Ayant flairé le piège, rappelle le quotidien, la direction de la radiotélévision nationale espagnole avait, quant à elle, décliné, quelques jours plus tôt, l’invitation qui lui avait été adressée par le Polisario pour couvrir sa fête nationale à Tindouf. Ce qui a d’ailleurs été à l’origine d’une polémique créée de toute pièce par les partisans du Front en Espagne sur la liberté de la presse.