Après six jours d’attente dans la capitale mauritanienne, le représentant du front Polisario, Bachir Mustapha Sayed, responsable de ce que les séparatistes appellent «les affaires politiques», n’a eu droit qu’à une audience de même pas six minutes par le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Dépêché à Nouakchott le 19 mars afin de rencontrer le président mauritanien, Bachir Mustapha Sayed, qui n’est autre que le frère d’El Ouali Mustapha Sayed, l’audience n’a eu lieu que le 24 mars au palais présidentiel de Nouakchott, en ne lui accordant que peu d’égards.
D’ailleurs, la dépêche de l’Agence mauritanienne d’information (AMI) le laisse entendre, fait remarquer l’hebdomadaire Maroc Hebdo dans sa dernière livraison. En faisant état de cette entrevue, «l’AMI s’est attardée sur le contenu de la lettre qu’a adressée à M. El Ghazouani, par le biais de M. Mustapha Sayed, le secrétaire général du Polisario, Brahim Ghali, et où il est question de l’évolution de la question sahraouie et des relations bilatérales», indique l’hebdomadaire.
En fait, souligne la publication, «le front Polisario cherche tant bien que mal à reprendre du terrain en Mauritanie, où depuis l’investiture de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani à la présidence, le mouvement séparatiste s’est vu distancier par le Maroc». Ce que montre «le traitement accordé à la visite de février 2020 du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à Nouakchott». En plus, «pour l’accueillir, M. El Ghazouani avait à ses côtés son propre ministre des Affaires étrangères, Ismail Ould Cheikh Ahmed, et le directeur de son cabinet, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine». Une attitude diplomatique très significative.
Et l’hebdomadaire de souligner qu’«il devient, pour ainsi dire, de plus en plus clair que M. El Ghazouani ne tient pas vraiment à poursuivre la politique de son prédécesseur, Mohamed Ould Abdel Aziz, hostile durant la majeure partie de son mandat au Maroc, mais plutôt de se rapprocher du Royaume et donc de prendre définitivement ses distances avec le Polisario et l’Algérie».
A cet égard, l’hebdomadaire renvoie à la teneur de l’appel qu’avait eu, le 21 novembre 2021, M. El Ghazouani avec le roi Mohammed VI, et où les deux chefs d’État avaient notamment «exprimé leur grande satisfaction du développement rapide que connaît la coopération bilatérale, ainsi que leur grande volonté de la consolider et la hisser à un niveau à même de permettre l’approfondissement de cette coopération entre les deux pays voisins, l’élargissement de ses perspectives et la diversification de ses domaines».
Et cela, précise l’hebdomadaire, «huit jours après l’intervention des Forces armées royales (FAR) dans la zone tampon de Guergarat pour déloger le Polisario de la frontière maroco-mauritanienne, ce qui revenait pratiquement de la part du président mauritanien à soutenir cette opération». Selon certains observateurs, ajoute enfin Maroc Hebdo, «M. El Ghazouani pourrait même prendre sur lui de retirer la reconnaissance par Nouakchott de la soi-disant «République arabe sahraouie démocratique» (RASD), intervenue début août 1979 sous pression de l’Algérie en même temps que la Mauritanie se retirait de Tiris El Gherbiyya, actuelle région de Oued ed-Dahab».