Sahara marocain: «La position de la Russie évolue positivement», selon le politologue Tajeddine El Husseini

Nasser Bourita et Sergueï Lavrov à Moscou le 16 octobre 2025.

Le 17/10/2025 à 16h37

VidéoLa visite de travail effectuée à Moscou par Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, marque une nouvelle étape dans le renforcement du partenariat entre le Maroc et la Russie. Selon le politologue Tajeddine El Husseini, cette rencontre illustre la volonté des deux pays de donner un nouvel élan à leur coopération stratégique, aussi bien sur le plan politique qu’économique.

À Moscou, le Maroc et la Russie ont réaffirmé leur volonté commune de hisser leurs relations bilatérales, déjà marquées par une coopération dense et confiante, à un niveau supérieur. C’est ce qu’a indiqué Tajeddine El Husseini, professeur de droit international à l’Université Mohammed V de Rabat, dans un entretien avec Le360.

Selon lui, les entretiens tenus le 16 octobre à Moscou entre le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, ont notamment porté sur la célébration, en 2026, du dixième anniversaire du partenariat stratégique approfondi conclu entre les deux pays en mars 2016, à l’occasion de la visite officielle du roi Mohammed VI en Fédération de Russie. Pour mémoire, le président Vladimir Poutine avait, lui, effectué une visite d’État au Maroc en septembre 2006, marquant une étape importante dans le renforcement du dialogue politique bilatéral.

Un rapprochement politique sur fond d’évolution diplomatique

Tajeddine El Husseini s’est félicité de l’évolution «positive» de la position russe sur la question de l’intégrité territoriale du Maroc, à un moment où le plan d’autonomie proposé par le Royaume comme seule et unique solution crédible au différend régional autour du Sahara marocain bénéficie d’un soutien croissant de la communauté internationale.

L’universitaire a qualifié de «signal encourageant» la récente déclaration de Sergueï Lavrov selon laquelle «la Russie n’est pas opposée à l’autonomie, si les parties concernées y consentent, car l’autonomie constitue une forme d’autodétermination». Une position jugée équilibrée, qui traduit, selon lui, une ouverture accrue de Moscou vis-à-vis de la proposition marocaine.

Ce positionnement prend une dimension particulière dans le contexte actuel, la Russie assurant la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies durant le mois d’octobre, période au cours de laquelle doit être adoptée une nouvelle résolution relative au Sahara marocain.

Un partenariat fondé sur le respect du droit international

Lors d’une conférence de presse conjointe à Moscou, Nasser Bourita a précisé que ses discussions avec Sergueï Lavrov avaient également porté sur cette question. Les deux ministres, a-t-il indiqué, s’accordent sur le principe selon lequel le droit et les normes du droit international «ne peuvent être interprétés de manière à freiner les efforts visant à parvenir à une solution politique réaliste et durable au différend régional autour du Sahara marocain».

Le chef de la diplomatie marocaine a souligné qu’«il est temps de tenir compte de la dynamique internationale que connaît ce dossier», portée par l’élan diplomatique impulsé par le roi Mohammed VI et par la reconfiguration progressive des positions de plusieurs États en faveur du plan d’autonomie.

Des échanges économiques en nette progression

Sur le plan économique, les relations entre Rabat et Moscou enregistrent une croissance significative, avec une hausse de près de 50% des échanges commerciaux en valeur. La Russie exporte vers le Maroc de l’ammoniac, des produits pétroliers et agricoles, tandis que le Royaume lui fournit des phosphates et dérivés, ainsi que des produits de la mer et de l’agroalimentaire.

Le secteur touristique, lui aussi, connaît un essor notable. Le flux de visiteurs russes vers le Maroc ne cesse de croître, soutenu par l’augmentation des liaisons aériennes. Royal Air Maroc, qui assure déjà une liaison quotidienne entre Casablanca et Moscou, prévoit de lancer prochainement une ligne hebdomadaire vers Saint-Pétersbourg, la capitale culturelle de la Russie.

Une nouvelle architecture de coopération

Symbole de cette volonté partagée d’insuffler une dynamique nouvelle à leur partenariat, les deux ministres ont signé, le 16 octobre à Moscou, un mémorandum d’entente instituant un Comité de travail russo-marocain.

Cette instance aura pour mission d’évaluer les acquis du partenariat stratégique, d’identifier de nouveaux domaines de coopération à forte valeur ajoutée et de proposer des projets structurants susceptibles d’approfondir la coopération bilatérale.

Par cette initiative, Rabat et Moscou confirment leur ambition commune de bâtir une relation renouvelée, fondée sur le respect mutuel, la convergence des intérêts et la complémentarité stratégique, tout en inscrivant leur partenariat dans une perspective résolument tournée vers l’avenir.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mennan
Le 17/10/2025 à 16h37