Sahara: comment le Polisario a violé le cessez-le-feu

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Huit éléments armés du Polisario ont fait incursion, hier dimanche, dans la zone dite "Kandahar", se trouvant à 2500 mètres du mur de défense marocain, et où des travaux de construction d'une route reliant cette région au nord de la Mauritanie sont en cours. Le front s'est vu rappeler à l'ordre.

Le 29/08/2016 à 17h26

Les éléments armés du Polisario sont arrivés, hier dimanche 28 août, vers 8H20, à bord de deux 4X4, dans la zone démilitarisée située au-delà du mur de défense marocain, précisément la zone dite "Kandahar", où le Maroc entreprend des travaux de bitumage d'une route reliant le poste frontalier "Guerguerat" au nord de la Mauritanie, apprend Le360 auprès de sources fiables.

Les éléments armés du Polisario ont d'abord été repérés à 2500 mètres de la ligne de défense des Forces armées royales (FAR), précisent encore nos sources, "avant que les occupants de l'un des véhicules ne se rende à 200 mètres du chantier de construction de la route reliant les postes frontaliers marocain et mauritanien, où ils ont demandé aux ouvrirers de cesser les travaux". "Les assaillants se sont par la suite repliés vers le premier véhicule de leurs acolytes", relèvent encore nos sources.

Mais voilà, la riposte marocaine ne s'est pas fait attendre. Les services de la gendarmerie royale sont intervenus et ont demandé aux ouvriers de reprendre les travaux, avant d'effectuer une opération de reconnaissance aérienne, à l'aide d'un drone, au niveau de la zone tampon, sur indication des Forces armées royales, qui ont signalé que l'un des deux véhicules du Polisario demeure dans sa position initiale, à 2500 mètres à l'est du poste frontalier Guerguerat.

Le vol de reconnaissance effectué par le drone marocain a permis de relever la présence dans cette zone, de deux groupes d'éléments du Polisario, composés respectivement de 8 et 5 individus, circulant à bord de 7 véhicules.

Par ailleurs, une patrouille militaire de la Minurso relevant du poste d'observation d'Aousserd, s'est rendue dans cette zone, et a signalé la présence de 32 éléments du Polisario, armés de fusils de type "Kalachnikov", conduits par le chef de la région militaire du Polisario, Biyadillah Mohamed Ibrahim, issu de la tribu Rguibat el Fokra.

Présents sur place, les casques bleus ont fait savoir à ce cadre militaire du Polisario que le déploiement des éléments du front séparatiste constituait une violation de l'accord de cessez-le-feu. En guise de réponse, ce dernier a indiqué que cette unité armée du Polisario sera remplacée par des éléments de la gendarmerie du Polisario, "tant que la Minurso considère que la présence des gendarmes marocains au niveau de la zone tampon ne constitue pas une violation dudit accord".

Après avoir signalé à l'unité armée du Polisario "l'illégalité" de sa présence dans la zone tampon, les observateurs militaires de la Minurso se sont rendus à proximité du chantier de construction de la route, indiquent encore nos sources. Les responsables onusiens se sont enquis auprès d'un colonel de la gendarmerie royale, du technicien chargé du suivi de ce projet et du chef de cercle de Bir Guendouz, sur l'état d'avancement des travaux, les délais de leur exécution et le nom de l'entreprise chargée des travaux, avant de quitter les lieux à destination de la localité de Bir Guendouz".

A l'évidence, et comme constaté par les observateurs de la Minurso, l'incursion d'éléments du Polisario constitue bel et bien une violation de l'accord de cessez-le-feu signé le 15 octobre 1991. Un pas jusqu'ici jamais franchi par le Polisario mais qui en dit long sur la déroute d'un front qui a du mal à accepter que la région dite "Kandahar" fasse l'objet d'une opération d'assainissement de toutes sortes de trafics (armes, voitures volées, drogues), entre autres filons juteux qu'il a jusqu'ici exploitées à fond. La provocation à laquelle il vient de se livrer et pour laquelle il s'est vu rappeler à l'ordre par la Minurso dénote le dépit dans lequel se dépètre ce front qui voit déjà tarir ses sources de revenus.

Maintenant face à cette provocation, il reste à savoir quelle réponse sera apportée par l'ONU et quelles sanctions seront prises à l'encontre du Polisario.

Par Ziad Alami
Le 29/08/2016 à 17h26