Peut-on espérer entrevoir une issue à l’impasse dans laquelle Alger et le Polisario ont fourré le processus de négociations, engagé en 2007 sur la base de l’offre marocaine d’autonomie ? Il va de soi qu’un diplomate, en l’occurrence l’ancien ambassadeur de Washington à Alger, Christopher Ross, nommé depuis 2009 émissaire du SG de l’ONU pour le Sahara, ne doit pas désespérer d’espérer. C’est le propre même de sa mission en tant que facilitateur des négociateurs.
Or, ce diplomate a un grand ennemi devant lui : le temps. Cela fait maintenant 6 ans (bien six ans) qu’il n’a pas fait bouger les lignes ! Le seul «exploit» que l’on peut lui concéder, et il n’est pas du tout reluisant : les pourparlers «informels» ! Et là encore, il a démontré, au fil de ses visites marathon annoncées à grand roulement de tambours dans la région, qu’il a été incapable de redonner espoir, comme sa mission de diplomate le porte naturellement à le faire.
Que faut-il espérer donc de sa nouvelle visite maghrébine, entamée, hier dimanche 6 septembre, par une première rencontre avec la délégation des négociateurs du Polisario, présidée par le représentant du font auprès des Nations unies, Ahmed Khaddad ?
Rien, à en croire les déclarations officielles de ce même Ahmed Khaddad qui n’a pas trouvé mieux à présenter à l’opinion publique en dehors de sa légendaire langue de bois et ses tentatives inutiles de jeter la pierre à la partie marocaine accusée, -c’est l’inverse qui nous aurait étonné-, de vouloir bloquer le processus de règlement politique du conflit plus que quarantenaire, créé autour du Sahara marocain.
«Il est temps d’exercer de réelles pressions sur le Maroc pour l’amener à se soumettre aux résolutions de la communauté internationale», a re-klaxonné le représentant du Polisario auprès de l’ONU, sans peut-être réaliser que ce «pression» a changé de camp et que l’objectif derrière le déplacement de Ross à Tindouf était, justement, de faire pression sur le Polisario pour revenir à la raison.
Le front est aujourd’hui plus que jamais chahuté par la population séquestrée, en raison de sa corruption colère traduite, -et c’est inédit-, par les derniers actes de désobéissance constatés chez ses services de sécurité ainsi que chez ses soldats. Il ne peut continuer à se dérober indéfiniment à ses responsabilités.
Ce front doit savoir que ses dérobades mettent aujourd’hui à rude épreuve de la communauté internationale, et mettent en danger une région qui a déjà fort à faire avec les groupes terroristes, d’Aqmi à Daech, en passant par Boko Haram, entre autres nébuleuses essaimant la région sahélo-saharienne et toute la région d’Afrique du Nord.
La résolution 2218, adoptée fin avril dernier à l’unanimité des 15 membres du Conseil de sécurité, a retenti comme un avertissement au Polisario, ainsi qu’à son parrain algérien, qui ne peut plus se livrer indéfiniment et impunément à ce jeu de polichinelle extrêmement dangereux pour la stabilité régionale.
Les manœuvres, héritées de la tristement célèbre époque de la guerre froide, ont montré leurs limites ; preuve en est le cortège de revers cuisants essuyés par la partie adverse sur le front intérieur (ras-le bol populaire généralisé à Tindouf en raison de l’absence d’alternative au conflit) et sur le plan diplomatique (résolution 2218)...
Quelle autre «cartouche» reste-t-il alors au Polisario ? Les «menaces du retour aux armes» ? Le Polisario, autant que la «puissance» algérienne qui arme son bras, sait pertinemment que ce genre de «menaces» donquichottesques font plutôt rire dans les chaumières, tellement elles sont ridicules ! Qui a dit que le ridicule ne tue pas ?