Un «long entretien» a réuni, récemment à Zéralda, à proximité d’Alger, le président Abdelaziz Bouteflika et un influent homme d’affaires du Golfe. Cette rencontre, dévoilée par le site d’information français «Mondafrique», malgré le black-out imposé par la présidence algérienne, s’est articulée autour de la crise financière sans précédent qui secoue l’Algérie, en raison du plongeon des cours de pétrole, privant ainsi le pays voisin de sa (presque) seule source de devises (les hydrocarbures constituent 98% des exportations algériennes) !
Durant cette rencontre tenue à l'abri des caméras et autres objectifs, le chef de l’Etat algérien a demandé au lobbyiste du Golfe, -dont l’identité a été tenue secrète-, «un sérieux coup de main pour permettre à l’Algérie d’attirer des fonds en cette période marquée par une terrible crise financière», révèle «Mondafrique».
Selon la même source, le président Bouteflika a même usé de subterfuges pour faire croire à son interlocuteur, et par ricochet, aux Pays du Golfe, que «leurs intérêts dans la région seront menacés par l’instabilité, si l’Algérie sombre dans la disette financière» !Le recours à l’arme du chantage par celui à qui le peuple algérien demande des comptes pour la dilapidation de pas moins de 800 milliards de dollars durant les premières dix années de son règne (1999-2010), intervient alors que plusieurs banques étrangères menacent de quitter l’Algérie. «Le premier dossier dans lequel Bouteflika a demandé de l’aide est celui de la banque internationale HSBC qui a exprimé sa volonté de quitter l’Algérie», indique encore le site français. «En pleine crise financière, le retrait d’une telle banque est vécue comme une humiliation par la présidence algérienne qui craint ses conséquences sur les bailleurs de fonds internationaux», explique la même source.
«Donnez-moi de l’argent et je serais moins agressif sur le dossier saharien» !
Le président Bouteflika a tenté en vain de faire chanter les pays du Golfe, avec à leur tête l’Arabie saoudite, sur le dossier syrien, en dépêchant récemment à Damas son ministre délégué aux Affaires maghrébines, Abdelkader Messahel, et en accueillant en grande pompe à Alger le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid El Moualim. Un chantage par lequel le président Bouteflika voulait faire plier les monarchies du Golfe alliées au Maroc, mais qui a été affronté avec fermeté par le roi Salman Ibn Abdelaziz qui, lors du premier sommet Maroc-Pays du Conseil des pays du Golfe, tenu en mars dernier à Ryad, a clairement soutenu la marocanité du Sahara, envers et contre Alger et sa meute médiatique qui y a vu "une déclaration de guerre" !
Après l’échec de cette manœuvre, voilà le président algérien revenir à de "meilleurs sentiments" en essayant cette fois de «monnayer» auprès du Golfe un assouplissement de la position algérienne sur le dossier saharien.
«Le président algérien s’est engagé à se montrer moins agressif dans son soutien à la cause sahraouie qui reste si sensible pour le frère ennemi marocain au mieux, lui, avec le régime de Ryad», certifie le site d’information français. Et de conclure: «Bouteflika a souhaité enfin que les capitaux saoudiens jouent un rôle important dans de gros dossiers d’investissement en Algérie. Il s’agit d’une véritable opération de séduction pour attirer des financements qui pourraient permettre à l’Algérie de respirer, alors que les déficits budgétaires ne cessent de se creuser».
Face à la banqueroute qui se profile, le spectre d’une explosion sociale à l’horizon 2017, aggravée par la guerre de succession que se livrent le clan Bouteflika et celui du général Mohamed Lamine Mediene (ex-patron du DRS), -les renseignements étrangers, dont le Mossad, mettent en garde contre un coup d’Etat militaire-, le clan Bouteflika est en train de jouer, en effet, sa survie politique voire celle de l'Algérie. La question est maintenant de savoir si les pays du Golfe, ultime recours pour un pays isolé sur la scène internationale, vont céder au chantage algérien et accéder à la demande de sauvetage pour un régime dont le diagnostic vital est engagé.