La crise des caisses de retraites dans le Royaume s’aggrave. Une tension alimentée par deux facteurs majeurs, écrit le quotidien Assabah dans son édition du lundi 21 juillet.
D’un côté, la baisse continue du recrutement dans les administrations publiques et les établissements étatiques, qui fragilise les finances du Régime Marocain des Retraites (CMR). De l’autre, le refus persistant de nombreux employeurs de déclarer quelque 6 millions de salariés auprès de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS).
Résultat, près de 5 milliards de dirhams échappent chaque mois aux caisses du régime général, un manque à gagner jugé d’autant plus incompréhensible que le gouvernement dispose de leviers pour lutter contre cette évasion, mais tarde à les activer.
Face à l’urgence, le chef du gouvernement a présidé une réunion de la Commission nationale de suivi du dossier des retraites, dans le prolongement des conclusions de la session d’avril dernier du Haut comité du dialogue social.
Objectif, dresser l’état des lieux des régimes de retraite et convenir, avec les partenaires sociaux, d’une méthode de travail et d’une approche consensuelle pour une réforme jugée indispensable, mais hautement sensible.
Cependant, les syndicats rejettent en bloc ce qu’ils appellent le «triangle maudit», soit repousser l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans dans les secteurs public et privé, augmenter le taux de cotisation et réduire le niveau des pensions, déjà jugées dérisoires, surtout dans le privé.
Le quotidien rappelle que, dans le secteur privé, la pension mensuelle maximale atteint à peine 4.200 dirhams, une somme jugée indigne par les centrales syndicales.
Ces dernières accusent l’État de détourner une partie des fonds de retraite vers des placements à rendement maximal au lieu de placements plus sûrs aux rendements standards de 4% pratiqués sur les marchés financiers.
Plusieurs syndicats, dont l’Union Marocaine du Travail (UMT), l’Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM) et la Confédération Démocratique du Travail (CDT), réclament l’abandon de ce scénario «imposé» par certains cabinets d’études, et plaident pour des solutions alternatives afin d’éviter une réforme brutale qui risquerait de déclencher une vague de grèves paralysantes, souligne Assabah.
Ils demandent notamment une revalorisation immédiate des pensions pour les retraités des secteurs public et privé.
Ils réclamant également que le plafond minimal dans le privé passe de 4.200 à 6.000 dirhams.
Une revendication justifiée par l’écart criant entre les pensions du privé et celles du public.
Un ingénieur retraité du public touche en moyenne plus de 20.000 dirhams par mois, contre moins du quart pour son homologue du privé.
Cité par Assabah, Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’UMT, affirme que toute réforme «paramétrique» (report de l’âge de départ, hausse des cotisations, baisse des pensions) est inacceptable si elle est imposée sans débat et sans prise en compte de la pénibilité de certains métiers. Selon lui, l’augmentation de l’âge de départ ne devrait jamais être obligatoire, mais optionnelle.
En résumé, lors de leur dernière rencontre avec le chef du gouvernement, les syndicats ont renouvelé leur exigence d’une hausse généralisée des pensions et d’une gouvernance plus rigoureuse. Pour eux, la crise de certains régimes de retraite s’explique avant tout par une mauvaise gestion, un recouvrement insuffisant des dettes de l’État envers la CNSS et le non-respect par de nombreux employeurs de l’obligation de déclarer l’ensemble de leurs salariés.
Les centrales syndicales ont même mobilisé des experts indépendants pour élaborer une contre-expertise, s’opposant fermement à la hausse de l’âge légal à 65 ans, qu’elles perçoivent comme un retour aux méthodes de l’ex-chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, dont la réforme impopulaire avait déjà suscité une forte contestation sociale.








