Réforme du Code de la famille: le Roi met fin aux supputations et conjectures

Première audience des membres de l'instance chargée du suivi de la révision du Code de la famille, le 1er novembre 2023, à Rabat.

Revue de presseLa saisine du Conseil des Oulémas permet non seulement de mettre fin aux supputations et autres conjectures qui retardent la réforme de la Moudawana, mais montre aussi que certaines des propositions soumises par les membres de l’instance chargés de sa révision sont radicales et très profondes. Une revue de presse d’Al Ahdath Al Maghribia.

Le 30/06/2024 à 21h15

Dans les termes qui y ont été adoptés, le communiqué du cabinet royal relatif à la révision du Code de la famille va dans le sens de la construction institutionnelle de l’État, pour que chaque institution respecte ses attributions. Et dans le débat qui a cours, le souverain a tranché, constate Al Ahdath Al Maghribia qui a interrogé à ce propos, pour ce lundi 1er juillet, Rachid Lebker, professeur universitaire et spécialiste en droit public.

Le Roi Mohammed VI a permis de mettre fin à différentes supputations et à diverses conjectures, et donc aux polémiques qui retardent l’avancée de ce chantier sociétal, en «exerçant ses pouvoirs en tant qu’Amir Al Mouminine, garant de la préservation de la religion et de la stabilité du pays», écrit le quotidien, relayant les propos de cet universitaire.

Lorsque les membres de l’instance en charge de la révision du Code de la famille ont achevé leur mission, ils ont soumis le résultat de ce travail au cabinet royal.

Le Souverain a par la suite décidé de saisir le Conseil supérieur des Oulémas, pour examiner certaines questions contenues dans les propositions de cette instance, en se référant aux principes et aux préceptes tolérants de l’islam sunnite malékite dont il est le garant, afin qu’une Fatwa lui soit proposée.

Al Ahdath Al Maghribia indique que le Conseil Supérieur des Oulémas a été invité à tenir compte, dans l’élaboration de sa Fatwa, du contenu de la lettre qu’Amir Al Mouminine avait adressée au chef du gouvernement, appelant à l’adoption «des vertus de la modération» et d’un «Ijtihad (effort évolutif d’interprétation, Ndlr) ouvert et constructif», tout en prenant en considération une norme, que le Souverain a prônée à plusieurs reprises, selon laquelle ce qui est prohibé ne peut être autorisé, et ce qui est autorisé ne peut être interdit.

«J’espère que les oulémas entendront ces indications pour permettre d’élaborer un Code moderne, ouvert et conforme à l’esprit distinctif de la commanderie des croyants», a déclaré Rachid Lebker à Al Ahdath Al Maghribia.

Pour ce spécialiste en droit public, le fait que le Conseil des Oulémas ait fait l’objet d’une saisine permet de comprendre que le projet élaboré par l’Instance chargée de la révision du Code de la famille comporte des propositions de réforme de nature «radicale», qui augurent de changements très profonds dans ce texte législatif.

Il se peut même, a-t-il expliqué, que ces propositions aient atteint des limites très avancées en ce qui concerne les efforts d’Ijtihad possibles, ce qui implique qu’une Fatwa ferme, émanant d’une institution habilitée à en produire, soit édictée.

«Je m’attends à ce que le projet de réforme promette des développements sans précédent, ce qui explique l’attention et le souci d’implication dont il bénéficie aujourd’hui de la part du Roi, en sa qualité d’Amir Al Mouminine, afin que le texte de la révision finale réponde aux aspirations de tous et soit conforme à la doctrine du juste milieu et de la modération, pour laquelle le Maroc a toujours opté en tant que méthodologie», a commenté Rachid Lebker.

Pour ce juriste, «cet effort d’interprétation nécessite d’être traité avec toute la fermeté et le sens des responsabilités que la situation impose, en particulier en ce qui concerne la préservation de l’unité nationale et la protection des valeurs fondamentales de la société marocaine».

Par Amyne Asmlal
Le 30/06/2024 à 21h15