Rappel par le Maroc de son consul à Oran: cacophonie au sommet de l’Etat algérien

Sabri Boukadoum, ministre algérien des Affaires étrangères. 

Sabri Boukadoum, ministre algérien des Affaires étrangères.  . DR

Jeudi 11 juin, le porte-parole du ministre algérien des Affaires étrangères a ajouté une nouvelle couche à la cacophonie qui a accompagné le rappel par le Maroc de son consul à Oran. La présidence algérienne et son ministère des Affaires étrangères ne sont pas sur la même longueur d’onde.

Le 12/06/2020 à 13h58

Mardi 9 juin, le porte-parole de la présidence algérienne, Belaïd Mohand Oussaïd, déclare, dans une conférence de presse, que «le consul du Maroc a effectivement quitté le territoire national à la demande de l’Algérie et son attitude a dépassé toutes les limites de la convenance».

Le même jour, le ministre marocain des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, rétablit la vérité en rapportant, dans une communication officielle avec la MAP, ce qu'il s’est exactement passé à propos de cet incident diplomatique entre les deux pays voisins. Selon le chef de la diplomatie marocaine, le rappel du consul général du Royaume s’est opéré à l'initiative exclusive du Maroc. Ce même chef de la diplomatie marocaine a convoqué l’ambassadeur algérien à Rabat, Abdelhamid Abdaoui, notamment en vue de rétablir la vérité à propos des mensonges grossiers du porte-parole d’Abdelmadjid Tebboune.

«Un consul travaille en étroite collaboration avec les autorités du pays où il est accrédité. Compte tenu du lynchage médiatique auquel a été livré notre consul à Oran, il n’était plus possible qu’il poursuive son travail dans ces conditions-là et le Maroc a décidé de le rappeler immédiatement», a expliqué une source diplomatique, contactée par Le360. Ce rappel a été à l’initiative exclusive du Maroc et les propos du porte-parole de la présidence algérienne qui affirment le contraire sont un mensonge.

Ce jeudi 11 juin, les propos de Bourita ont été quasiment confirmés par la déclaration d’un autre porte-parole algérien, celui des Affaires étrangères, cette fois-ci. En effet, Abdelaziz Benali-Cherif a édulcoré les propos de son homologue, et non moins conseiller en communication de Abdelmadjid Tebboune, en affirmant que l’Algérie a demandé au Maroc, conformément «à la pratique diplomatique universelle», de «prendre les mesures qui s'imposent, lesquelles ne peuvent avoir une autre acception ni autre interprétation que celle du rappel par le Maroc de son consul à Oran».

Ainsi, nous ne sommes plus dans le registre de la demande formelle de rappeler le consul du Royaume comme l’a affirmé au cours d'une conférence de presse le porte-parole officiel du président algérien, mais dans celui de l’interprétation d’une démarche. Or, il existe une grande différence entre une demande formelle (qui n’a jamais été formulée au demeurant) et une démarche sujette à interprétation.

Acculées à sortir du pétrin où son porte-parole a mis la présidence algérienne, les Affaires étrangères ont pris un chemin retors qui confirme les propos de Nasser Bourita à la MAP. Si le ministère algérien des Affaires étrangères avait voulu démentir la présidence algérienne, il n’aurait pas agi autrement.

Rappelons enfin que le jour où le palais de la Mouradia a dérapé sur l’affaire du consul, le chef de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadoum, se trouvait en Mauritanie, avec cinq ministres, pour remettre quelques cartons de masques anticoronavirus aux autorités mauritaniennes, qui n’en manquent pourtant pas.

Par Mohammed Ould Boah
Le 12/06/2020 à 13h58