Malgré une condamnation à 20 ans de prison ferme pour terrorisme et extrémisme religieux, peine pour laquelle il n’aura finalement purgé que 10 ans pour avoir été libéré suite à une grâce, le salafiste invétéré, qui a dernièrement sévi à Rabat, continue manifestement à rêver d’un «califat islamique» et à imposer aux gens ses convictions salafistes et takfiristes. Il s’en est ainsi pris, dans son quartier de Takadoum, à un vendeur d’olives auquel il a reproché d’écouter des chansons d’Oum Kalthoum. Le salafiste radical, connu pour son caractère violent, est allé jusqu’à menacer en public, devant les passants sidérés, l’admirateur de la cantatrice égyptienne.
Il est vrai que ce quartier est devenu un foyer de tensions, au vu de l’ampleur prise par le fanatisme religieux et la criminalité. Mais personne ne s’attendait vraiment à ce qu’un extrémiste non repenti aille jusqu’à demander à un commerçant de substituer à la cassette d’Oum kalthoum une psalmodie du Coran. Surpris, le marchand d’olives n’a pas pour autant obtempéré et lui a répondu calmement qu’il était libre d’écouter ce qu’il voulait.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mercredi 8 janvier, que le commerçant a donné une leçon de morale à cet extrémiste en lui disant que ses relations avec son environnement étaient avant tout faites de respect: «Et il faut savoir que la meilleure façon d’écouter le Coran est d’être concentré. Or, je suis en contact direct avec les clients et je leur parle constamment: je trouve donc indécent de diffuser le Coran dans pareille situation», a affirmé le commerçant.
Décontenancé par l’esprit rationnel de son interlocuteur, le salafiste n’a pu contenir sa colère et l’a traité de mécréant, tout en l’accusant d’avoir insulté le prophète. Pis encore, il a entrepris d’arpenter les ruelles du quartier pour inciter la foule à bannir le pauvre homme des lieux, tout en le menaçant de mort. Connaissant les antécédents du fondamentaliste, le vendeur d’olives a porté plainte et a été entendu par la police, qui a rédigé un PV avant de déférer son dossier devant le procureur du roi.