Le papier est banal. Un format A4 au grammage répandu. Pas d’en-tête. Pas de graphie précieuse. Pas de caractères dorés. Pas de blason. Rien, absolument rien, ne laisse supposer que le signataire de ce courrier est le cousin germain du roi Mohammed VI. A la fin de la lettre, juste une signature; Hicham Alaoui. Un citoyen lambda aurait mis plus de forme dans son courrier. Moulay Hicham a sciemment choisi de banaliser sa lettre, adressée le 16 septembre au secrétaire général de la commune urbaine de Fès, en vue de combiner la forme et le fond pour proclamer ceci : «Je n’ai plus aucune relation avec l’institution royale ou le Palais royal». Se défendre de tout lien avec la monarchie implique sans doute, dans la tête de l’intéressé, un changement de papier, mais dans la réalité, le prince se conduit, comme on le verra plus loin, comme un privilégié.
La lettre adressée par Moulay Hicham au SG de la commune urbaine de Fès a trait à un terrain de 189 hectares, situé dans la localité de Aïn Chqaf à Fès. Quelque 25% de ce terrain appartiennent au prince qui cherche à vendre dix hectares. Comme ce terrain nu fait désormais partie du périmètre urbain, il est soumis à la réglementation de l’Etat qui a instauré une taxe sur les terrains urbains non bâtis. Son propriétaire est tenu de s’acquitter d’une taxe annuelle s’élevant à 25 dirhams le mètre carré. Seulement, Moulay Hicham ne l’entend pas de cette oreille. Il refuse de payer cette taxe et il a remué ciel et terre, en vue d’obtenir une exonération spéciale. L’action entreprise auprès de la commune de Fès participe d’une multitude de démarches visant un traitement fiscal spécial. Tout le contraire de la lettre dont le fond et la forme laissent croire que le prince est un citoyen ordinaire.
Dans cette lettre, Moulay Hicham réprouve que le SG «attende des instructions» pour signer le document demandé. Et il ajoute : «Si vous continuez à agir au Maroc du 21ème siècle suivant des instructions, cela prouve la pérennisation de la vieille culture politique makhzénienne dans la gestion des affaires du pays». Et Moulay Hicham de préciser : «Je n’ai plus aucune relation avec l’institution royale ou le Palais royal pour faire l’objet de pratiques qui ne font pas honneur à notre pays». Rien que cela! Mais le déni d’appartenir à l’institution royale résiste-t-il à l’épreuve des faits ?
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L’exemplarité du citoyen Hicham Alaoui en question
Omar Slaoui se serait retourné dans sa tombe. Cet industriel très respecté, et dont le décès le 16 mai avait suscité un émoi unanime, avait prêté de l’argent à son beau-frère, le prince Moulay Hicham. Quand le défunt a commencé à lutter contre la maladie, la famille a demandé à Moulay Hicham de s’acquitter, ne serait que d’une partie de sa dette. Après moult tergiversations, Moulay Hicham a remis à la famille un chèque d’une valeur de 1 million de dirhams. Sauf que le chèque est en bois. Décidément, le citoyen Hicham Alaoui ne respecte rien, pas même les orphelins.
Moulay Hicham n’en est pas à son premier scandale en tant que mauvais payeur. Contrairement à tous les membres de la famille royale, il croule sous les dettes. Dans les milieux avertis, on susurre qu’il est anormal que tous les membres de la famille royale, à commencer par le roi Mohammed VI, aient épongé toutes leurs dettes à l’exception d’un seul : Moulay Hicham. Les casseroles que ce dernier traîne font du bruit au-delà des frontières du Maroc. Aux dernières nouvelles, le théoricien de la «révolution du cumin» a vendu sa maison à Princeton dans le New Jersey aux Etats-Unis et il est sommé de s’acquitter de 150.000 dollars d’arriérés d’impôts auprès du fisc américain. Qui, comme chacun sait, ne badine pas avec les mauvais payeurs. Si le fisc américain prenait connaissance de la longue ardoise de Moulay Hicham auprès des banques marocaines, il entreprendrait des mesures urgentes pour récupérer son dû.
Ce que doit le chantre de la citoyenneté ordinaire aux banques marocaines
Moulay Hicham vend l’idée d’un citoyen ordinaire mais agit en homme au-dessus des lois qui s’appliquent aux Marocains. La preuve : il aime bien contracter des dettes mais rechigne à s’en acquitter. La liste de ses créanciers est impressionnante. La BMCE lui a prêté (excusez du peu!) 270 millions de dirhams, soit 27 milliards de centimes. Cela fait quinze ans que cette institution bancaire tente par tous les moyens diplomatiques de récupérer son argent. En vain.
Le Crédit agricole n’est pas en reste. Moulay Hicham a emprunté à cette banque pas moins de 20 millions de dirhams, mais l’institution est priée de regarder ailleurs ! Le Groupe Banque populaire peine également à récupérer la somme de 9 millions de dirhams.
Et ce n’est pas tout. Le prince est redevable au chef du Parti de la réforme et du développement, Abderrahman El Cohen, de 15 millions de dirhams, mais ce dernier peut toujours attendre… La Royal Air Maroc déroge en apparence à cette règle, mais ce n’est qu’au prix d’un grand tapage médiatique. En effet, sous la pression des médias Moulay Hicham a fini – à contrecœur – par s’acquitter de 2 millions de dirhams auprès de la compagnie nationale. Dans les faits, le prince est toujours redevable envers la RAM de la somme de 3.5 millions de dirhams. Et il refuse de payer, tout en exigeant de voyager avec tous les honneurs dus à sa naissance. Le chantre de la citoyenneté ordinaire “corrige“ les responsables qui ne déroulent pas le tapis rouge devant lui.
Moulay Hicham, l’art de faire le contraire de ce qu’il dit
Le portrait de Moulay Hicham en mauvais payeur aurait été anecdotique n’était les discours qu’aime à diffuser l’intéressé dans la presse occidentale et la teneur de sa lettre à un fonctionnaire d’une commune urbaine. Il se présente comme un réformateur, un dépoussiéreur des privilèges, un abolitionniste des avantages, un démocrate qui veut être traité comme n’importe quel citoyen marocain. Or dans le quotidien, il agit à l’opposé de ce qu’il dit. Il tient mordicus à ce qu’il soit privilégié où qu’il soit. Il veut être avantagé chaque fois qu’il s’intéresse à une affaire. Moulay Hicham impose le fait du prince tout en appelant à en reconsidérer l’arbitraire.
Où qu’il aille, Moulay Hicham exige qu’on lui accorde des avantages en raison de sa naissance. Ailleurs, Moulay Hicham parle d’abolir les privilèges ; ici il les perpétue dans chacune de ses démarches. C’est la distance entre ses actes et ses paroles qui surprend chez le prince. Cette distance est si grande qu’elle dénote une instabilité psychologique. D’ailleurs, ceux qui connaissent cette double conduite de Moulay Hicham et la dissociation de sa personnalité évitent d’évoquer des troubles schizophrènes par respect pour la famille royale.
Quant à la teneur de la lettre à un fonctionnaire de la commune de Fès, si les autorités prenaient au mot Moulay Hicham et se comportaient avec lui en citoyen ordinaire, comme il se flatte de l’être, cela fait très longtemps qu’il aurait été contraint de payer ses dettes ou de purger une peine en taule.