Quand l’Education démissionne

Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports.. DR

Revue de presseLes problèmes créés par des bandes de jeunes qui vivotent dans les périphéries des grandes villes ont fini par s’inviter dans le débat public. Ces jeunes désœuvrés sont en effet le produit de la démission de la famille qui ne joue plus son rôle primo-éducatif, aggravé par l’école, publique et privée, devenue une passoire d’où sortent des apprenants sans savoir. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 25/07/2024 à 21h58

Des jeunes, le plus souvent mineurs, ont tendance à sombrer dans la criminalité au sein des grands centres urbains du pays, voire expriment des pulsions anarchistes en ne respectant rien, et surtout pas la liberté d’autrui. Au mieux, ces jeunes cherchent à imposer une identité qui n’a rien à voir avec les canons de la société dans laquelle ils vivent.

Dans l’éditorial de son édition du vendredi 26 juillet, le quotidien Al Akhbar explique ce phénomène par une double démission dans l’éducation de ces enfants. D’abord celle de la famille qui ne joue quasiment plus son rôle primordial et essentiel dans l’éducation de l’enfant. Ensuite, c’est l’école, aussi bien privée que publique, qui dans une concurrence acharnée aux bonnes notes, ne tient plus compte de sa mission éducative. Le pire, c’est que cette démission contagieuse a atteint l’enseignement préscolaire, incontournable étape dans la genèse de la formation de la personnalité de l’enfant.

Il urge donc, préconise Al Akhbar, de se pencher sur cette problématique en identifiant clairement les responsabilités et en mesurant à sa juste valeur l’ampleur des dégâts sociétaux, en vue de revenir à un système éducatif centré sur le développement social intégré, plutôt que de continuer à dilapider des budgets étatiques colossaux dans le traitement de cette démission, qui est à la fois un crime matériel et moral.

En effet, la sonnette d’alarme est tirée par l’oisiveté fatale dans laquelle baigne une proportion non négligeable de jeunes qui ont déserté les établissements scolaires pour se réfugier dans «Ras Derb» (la rue) où ils échangent leurs rêves et leurs espoirs, mais discutent aussi de la chose politique et particulièrement le fossé abyssal qui se creuse entre les catégories sociales. Ces jeunes deviennent de la sorte un terreau fertile où se recrutent toutes sortes de délinquants, quand ils ne sont pas recrutés par les trafiquants d’êtres humains et de drogue, voire par les nébuleuses terroristes.

Les jeunes, en tant que pilier du développement et de l’avenir de toute nation, ne doivent pas être laissés-pour-compte, mais toujours profiter d’un encadrement adéquat, surtout dans les quartiers périphériques des grandes villes rongés par la pauvreté, où des centres d’écoute des jeunes seraient bienvenus. Cela ne coûte rien, puisque c’est en réalité l’ignorance, et ses corollaires de désœuvrement et de criminalité, qui sont un gouffre pour les finances de l’Etat. Fini le temps où la famille, l’école, les partis politiques, les associations et les institutions étatiques se rejetaient la responsabilité de la mal-éducation des jeunes.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 25/07/2024 à 21h58