Ses rapports font souvent l’effet d’une bombe. Certains donnent même lieu à des procédures judiciaires contre des personnalités politiques ou des responsables publics. Pourtant, dans les milieux politiques, où souvent la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption sont mises en avant, les analyses de la Cour des comptes ne plaisent pas à tout le monde. De plus en plus de parlementaires et de leaders de partis se plaignent aujourd’hui des rapports «noircis» de cette Cour, et déplorent que seuls quelques-uns soient poursuivis en justice, ce qui dénote, selon eux, d’une certaine partialité.
C’est en tout cas ce que rapporte Assabah dans son édition du lundi 26 juin, expliquant que de plus en plus de personnalités politiques et de parlementaires se montrent critiques vis-à-vis du travail de la Cour des comptes. En cause, disent-ils, les rapports et audits de cette institution qui n’ont jusque-là donné lieu à des poursuites que lorsque des parlementaires ou des leaders de partis étaient concernés. En revanche, quand il s’agit d’ordonnateurs et autres grands responsables, les analyses de la Cour des comptes ne font pas grand bruit.
En fait, comme le laisse comprendre Assabah, il semble que les milieux politiques s’inquiètent de plus en plus des rapports de la Cour des comptes qui accable la gestion des partis, particulièrement quand il s’agit de leurs dépenses en période électorale. Dans plusieurs cas, l’institution présidée par Zineb El Adaoui a pointé du doigt des dysfonctionnements dans ces domaines, ce qui laisse penser que certains milieux politiques sont visés plus que d’autres acteurs soumis au contrôle de la Cour des comptes. Pourtant, fait remarquer Assabah, tous ceux qui se plaignent aujourd’hui des rapports de cette Cour prônent, dans leurs discours officiels, leur mobilisation pour lutter contre la mauvaise gouvernance de la chose publique et la lutte contre la corruption. Et c’est justement la mission que remplit la Cour des comptes qui tente dans ses rapports de mettre en lumière les dysfonctionnements sur le terrain.
Le journal ajoute que ce qui dérange réellement les partis politiques, c’est que les rapports de la Cour des comptes pourraient nuire à la confiance placée en eux par les citoyens. Ceci dans un contexte où la présentation de ces documents se fait souvent en l’absence de la présidente de la Cour des comptes, et souvent aussi en l’absence de ministres. D’ailleurs, la dernière séance parlementaire tenue il y a quelques jours a vu ce sujet ressurgir, causant même une altercation entre des députés du PJD, d’autres partis de l’opposition et des élus de la majorité. Il a fallu une intervention du président de la première Chambre, Rachid Talbi Alami, et du ministre en charge des relations avec le Parlement, Mustapha Batias, pour tenter de calmer les esprits. Ce dernier a répondu aux détracteurs du gouvernement en expliquant que la présence de l’ensemble des ministres du gouvernement lors de la présentation des rapports de la Cour des comptes n’était pas nécessaire. Selon lui, une séance parlementaire n’est pas suffisante pour discuter des conclusions des rapports de cette Cour, auxquels il faudrait consacrer des semaines de travail.
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle polémique vient confirmer que certains partis politiques ne voient pas d’un bon œil les conclusions faites à leur encontre par la Cour des comptes, et s’y opposent en appelant à ce que le travail de cette institution soit plus généralisé pour que toutes les entités bénéficiant des fonds publics soient auditées au même titre que les partis politiques.