Mohammed Ouzzine, le nouveau patron du Mouvement Populaire est, encore une fois, en rogne contre le gouvernement. Étant lui-même parlementaire et vice-président de la première Chambre, il reproche à l’Exécutif de ne pas s’intéresser aux propositions de lois que les parlementaires de son parti ont déposé au Parlement.
Le Haraki en chef, rapporte le quotidien Assabah dans son numéro du jeudi 20 juillet, intervenait récemment dans le cadre de l’Université populaire, une rencontre régulière organisée par son parti cette fois sur le thème de la réforme du Code de la famille. Une occasion donc pour régler ses comptes avec le gouvernement avant d’aborder le cœur du sujet.
Ainsi, il a annoncé que le groupe parlementaire de son parti a déposé pas moins de 50 propositions de lois depuis le début de l’actuelle législature. Une prouesse numérique, étant donné qu’il s’agit d’une moyenne de plus de deux propositions par mois. Le gouvernement, s’indigne-t-il, n’a donné son feu vert pour la programmation d’aucun de ces textes. «Nos propositions sont-elles incomplètes ou inadaptées?» s’interroge-t-il. C’est une problématique que l’on essaie de taire, lance-t-il, affirmant que lui et son parti ne vont pas se laisser faire. Il menace donc de saisir directement la Cour constitutionnelle.
Le patron du MP reproche également au gouvernement de ne pas avoir ouvert un débat public sur ce chantier de réforme de la Moudawana, une problématique qui concerne tous les Marocains et ne saurait être abordée sous l’angle du clivage majorité/opposition. D’ailleurs, explique-il, près de 70% du contenu du nouveau code de la famille, adopté en 2004, ne pose aucun problème pour personne. Ce sont les 20 à 30 articles de ce texte qui nécessitent aujourd’hui l’ouverture d’un débat public.
La centralité de la question, affirme-il, a poussé son parti à ouvrir ce débat pour la deuxième fois. Les deux groupes parlementaires ont déjà consacré une rencontre publique à la question de la réforme de la Moudawana avec la contribution de l’organisation des femmes harakies.
Pour montrer la pertinence du choix de cette thématique, l’ancien ministre de la Jeunesse a mis en avant le nombre «choquant» des divorces prononcés en 2022, qui s’est élevé un 27.000 cas. Un chiffre, notons-le, que le ministre de la Justice a déjà eu l’occasion de nuancer. Il s’agit d’un cumul, a-t-il précisé, sachant que, cette année, « nous sortions d’une période de crise sanitaire, de confinement et de mesures sanitaires très strictes et l’administration et les tribunaux fonctionnaient au ralenti ».
Bref, le chef de file du MP a également parlé de cas de violence conjugale dont seraient victimes 56% des femmes au foyer ainsi que la violence physique et corporelle contre la femme qui occasionnerait une perte de 2,85 milliards de dollars.