Au moins 60% de la population pénitentiaire est détenue pour des délits mineurs alors que ce genre de délits ne représente que 35% de l’ensemble des infractions d’ordre pénal. Une situation d’autant plus aberrante qu’il existe des peines alternatives pour éviter à ces détenus l’emprisonnement. C’est ce qui ressort d’un rapport sur la situation des centres pénitentiaires élaboré par l’Observatoire marocain des prisons (OMP) et divulgué par le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du week-end des 14 et 15 mai.
Selon ce document, le fait que les prisons continuent à enregistrer des cas de suicide parmi les prisonniers est le signe que leurs conditions de détention ne respectent pas le minimum de dignité humaine. «Malgré le fait qu’il s’agisse des cas limités dont on ne connaît pas vraiment les motivations et les circonstances, ceci n’exclut pas la responsabilité de la Délégation générale de l’administration pénitentiaire. Cette dernière, en effet, a pour responsabilité d’assurer un suivi psychologique pour les détenus en situation de détresse afin de leur éviter de passer à l’acte», précise le rapport repris par le journal.
Sur un autre volet, les rédacteurs du rapport estiment que la manière dont les peines privatives de liberté sont exécutées réduit leur efficacité et ne permet pas à la prison de jouer pleinement son rôle d’établissement de qualification et de réinsertion sociale.
Ainsi, les détenus «sont privés de leurs droits les plus élémentaires, comme la permission de sortie à l’occasion des fêtes, le droit à l’enseignement, le rapprochement des centres de détention de leurs familles», précise le rapport.
En même temps, les mesures disciplinaires prises contre les détenus obéissent, le plus souvent, à des textes de loi dépassés qui ne respectent pas les conventions internationales en la matière.Par ailleurs, le rapport a dénoncé, rapporte le quotidien, l’interdiction faite aux associations de la société civile de participer à l’encadrement des prisonniers et à l’amélioration de leurs conditions de détention.
Ce qui fait dire aux rédacteurs de ce rapport, en conclusion, que la politique pénale marocaine est un échec. Les méthodes de répression de la criminalité mises en place par l’Etat ont été détournées de leur mission. Elles ont été réduites à un simple moyen de faire face, momentanément, à la criminalité, sans pour autant représenter une solution durable au crime et à la délinquance.