La tension entre l’Algérie et le Maroc est montée d’un cran au moment où le régime algérien prépare l’après Bouteflika, estiment des analystes politiques marocains. Ce regain de tension pourrait s’expliquer par le fait que les opposants à la normalisation tentent de détourner l’attention du citoyen algérien sur les vrais problèmes internes en privilégiant l’escalade avec le voisin.
L’Algérie se trouve actuellement "dans une zone d’incertitude" marquée par la longue absence du chef de l’Etat algérien, Abdelaziz Bouteflika, en convalescence à Paris depuis plusieurs semaines suite à une attaque cardiovasculaire, observe Mohamed Zidouh, membre du Conseil national de l’Istiqlal. "Ils ont des problèmes qu’ils essayer d’évacuer vers nous", a-t-il déclaré à Le360.
En moins de deux jours, l’Algérie a réitéré trois conditions, qualifiées "d'infondées" par Rabat, pour normaliser ses relations avec le Maroc et ouvrir ses frontières fermées depuis 1994. La troisième condition de l’Algérie a rendu fou de rage le Maroc. Alger a demandé à Rabat de reconnaître sa position en faveur des séparatistes du polisario et la création d’un Etat à sa solde dans le sud du royaume.
L'Algérie sous tension
Selon Youssef El Amrani, ministre délégué aux Affaires étrangères, "l’Algérie a placé son soutien aux ennemis de notre intégrité au-dessus de toute considération, que cela soit la relation bilatérale, la construction maghrébine ou encore la construction d’un espace de paix et de prospérité partagée en Méditerranée". Driss Lachgar, premier secrétaire de l’USFP, a émis pour sa part le vœu que "l’Algérie puisse surmonter ses difficultés internes". "La situation en Algérie, liée à la maladie de son président et à un horizon incertain, est préoccupante", a-t-il déclaré à Le360, en espérant la "fin de l’escalade".
"Les cassiques opposants du Maroc s’agitent parce que la succession de Bouteflika bat son plein dans les milieux de décision militaire", a abondé dans le même sens Ali Boutaleb, un dirigeant d’une ONG. Tajeddine Housseini, professeur des relations internationales, estime lui aussi que "le timing de l’escalade algérienne "n’est pas anodin". "Les responsables algériens essayent tant bien que mal d’évacuer (la) crise interne en déterrant la hache de guerre", a-t-il souligné dans un point de vue relayé par la presse, ajoutant que le Maroc a "bien fait de manifester son refus avec force". L’ancien leader de l’USFP, Mohamed El Yazghi, note l’existence en Algérie de "deux courants dont l’un est connu pour être farouchement opposé au Maroc". Selon lui, "cela n’empêche pas de maintenir le dialogue avec les Algériens afin de surmonter la crise".