Dans un entretien avec Le360, Zakaria Abouddahab a souligné que «la reprise des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran avait amorcé une nouvelle séquence historique au Moyen-Orient, sachant l’implication directe de l’Iran dans l’échiquier syrien et notamment au Liban». Cela a été «le détonateur du retour progressif de la Syrie au sein de la Ligue arabe»
Il a ainsi rappelé l’exclusion de ce pays de la Ligue arabe en novembre 2011 après des troubles sociaux et de guerres liées notamment à Daech. «On constate aujourd’hui qu’on est devant un moment d’inflexion. Il faudrait apurer le passif car ce retour est conditionné. C’est déjà un retour mais il y a aussi un mécanisme d’évaluation et de suivi qui avait été mis en place pour vérifier d’abord un certain nombre de points, autour des réfugiés, le contrôle des frontières, la drogue, etc.», a-t-il observé.
Le professeur à la Faculté de droit de l’Université Mohammed V de Rabat a aussi évoqué «la question du statut des opposants au régime de Bachar El Assad, parce que beaucoup de Syriens sont en réalité contre ce retour et le régime lui-même n’a pas crié victoire».
Le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes a dit, dans le cadre du retour de la Syrie, qu’il n’y a «ni vainqueur ni vaincu». «C’est une démarche qui est, à mon sens, réaliste pour pousser vers un retour progressif à la normalité tout en le soumettant à une sorte de suivi de loin, tout au moins», a poursuivi notre expert.
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Et d’observer: «Je crois qu’il y a une conjoncture régionale et il y a une dynamique interne au niveau de la Ligue arabe et on sait maintenant très bien que l’Arabie saoudite voudrait réellement conduire un mouvement visant à remodeler la carte géopolitique du Moyen-Orient à travers un deal avec l’Iran et l’éloignement des Etats-Unis, qui n’ont pas apprécié le retour de la Syrie, car le moment, selon eux, est inopportun. Il faut maintenant voir les enjeux politiques qui vont découler de ce retour syrien.»
Zakaria Abouddahab n’a pas omis de relever l’isolement de l’Algérie dans ce retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe. Président en exercice de l’organisation, le voisin de l’est a été écartée des consultations. «L’Arabie saoudite a géré exclusivement ce dossier. Elle en a les moyens et le Maroc entretient d’excellentes relations avec elle», a-t-il affirmé.
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A propos du Maroc et de la Syrie, le politologue a souligné que le Royaume a toujours «adopté une position stratégique de modération, d’anticipation et de consensus». Et de rappeler que le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a indiqué le 7 mai, lors de la réunion ministérielle de la Ligue arabe au Caire, que le Maroc est favorable à une «solution globale» et au «respect de l’intégrité territoriale» des pays membres de la Ligue. «Cela s’adresse également à l’Algérie pour que ce pays cesse toute ingérence au niveau du Sahara marocain récupéré et consolidé», a souligné notre interlocuteur.
Pour rappel, Nasser Bourita avait mis l’accent, au Caire, sur «les liens historiques existant entre le Maroc et la Syrie qui se sont enracinés par le sang des soldats marocains, syriens et arabes qui s’est mêlé et répandu lors de la guerre d’octobre 1973 pour la défense de l’intégrité de ce pays arabe». Il avait également souligné que «Sa Majesté le Roi a toujours accordé une attention à la crise syrienne et à ses différentes répercussions, au premier rang desquelles la dimension humaine».