La mesure a été annoncée sans crier gare et, surtout, sans qu’elle soit étayée par une quelconque justification. Ainsi, ce jeudi 27 mars, le régime d’Alger a déclaré Mohamed El Soufiani, vice-consul du Maroc à Oran, persona non grata. Le diplomate marocain a 48 heures pour quitter le pays voisin, indique un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères.
Motif? Visiblement aucun. C’est à peine si nous apprenons que Khaled Chihani, qui assure l’intérim du consul général du Royaume du Maroc en Algérie, a été convoqué le même jour au dit ministère et reçu par Mokhtar Amine Khelif, directeur général du Protocole. L’occasion d’expliquer –façon de parler– que la mesure est une réponse aux «agissements suspects» du diplomate marocain «incompatibles avec la nature de l’exercice de ses fonctions au sein de la représentation consulaire susvisée, d’une manière qui constitue une violation des lois algériennes en vigueur et des lois et normes internationales pertinentes, notamment la convention de Vienne sur les relations consulaires».
Du pur blabla en somme. On s’en doute bien, si Alger avait un semblant de soupçon de faits concrets reprochés à Mohamed El Soufiani, il en aurait fait grand étalage.
Grâce pour Boualem Sansal, disgrâce pour Tebboune
La vérité quant aux motivations de cette expulsion est naturellement ailleurs: attiser le feu avec Rabat pour mieux détourner l’attention de l’humiliant virage que l’Algérie s’apprête à négocier dans son bras de fer, désormais perdu, avec la France. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait lui-même annoncé la couleur samedi 22 mars dernier. C’était lors du dernier épisode de son «traditionnel» entretien avec les médias algériens. Le chef de l’État a, en français, multiplié les appels du pied au président Macron. Finies les bravades. Le ton était au compromis et aux futures concessions. Pour peu que Macron, qualifié par Tebboune par le peu flatteur «alter ego», daigne y répondre.
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Nul doute que le premier des «gestes de bonne foi» que le régime d’Alger aura à consentir sera l’octroi d’une grâce présidentielle à l’écrivain Boualem Sansal, 80 ans et atteint d’un cancer de la prostate, condamné ce même jour à 5 ans de prison ferme.
La peine, équivalant certes à une condamnation à mort pour l’écrivain vu son âge et son état de santé, n’en est pas moins «clémente» compte tenu des charges retenues contre lui: la haute trahison, pour faire court. Une manière de mieux faire passer la grâce à venir et le retour en France de Sansal. Une disgrâce néanmoins pour un président algérien qui, il y a peu, qualifiait, dans un discours télévisé, l’auteur de tous les noms d’oiseaux: «voleur», «à l’identité inconnue», «bâtard»…
D’autre part, la mesure annoncée contre le diplomate marocain coïncide avec une actualité brûlante à Oran. Dans cette ville de l’ouest algérien, on ne parle que de la sortie du wali, qui a sévèrement tancé l’agence en charge des logements en Algérie: AADL, une émanation du ministère de l’Habitat dirigé par Tarek Belaribi, proche de Tebboune, qui l’a récemment décoré de façon théâtrale.
Le directeur local de cette agence a publié un communiqué pour discréditer le wali, ne laissant aucun doute sur l’implication du ministre. Un scandale d’État qui prospère comme une boule de feu sur les réseaux sociaux. En cherchant à provoquer une énième crise avec le Maroc, le régime d’Alger cherche à la fois à détourner l’attention de sa honteuse reculade face à la France et à faire diversion sur l’impunité d’un directeur local qui corrige un wali.
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