S’exprimant lors d’une conférence de presse sur les derniers développements de l’affaire «Pegasus», et les actions judiciaires entreprises par le Maroc, Me Olivier Baratelli, avocat du Royaume en France, a dénoncé une «grande manipulation de l’information» et une «gigantesque rumeur» qui a pris pour cible le Maroc et ses administrations.
«Aujourd’hui, 19 mois plus tard, il n’y a rien. Nous savions que c’était faux et que c’était une rumeur et qu’il s’agissait d’une gigantesque entreprise de déstabilisation internationale» visant le Maroc, a dit Me Baratelli.
Il a rappelé que le Maroc avait lancé immédiatement des procédures judiciaires et, quelques jours plus tard, dix citations directes ont été présentées devant le tribunal correctionnel de Paris pour diffamation à l’égard de «Forbidden Stories», «Amnesty International» (AI) et les «supporters les plus fervents» de ces thèses en France, à savoir les médias Le Monde, France Info, la cellule d’investigation de France Inter, Médiapart et L’Humanité.
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Ces affaires ont été plaidées et replaidées le 15 février devant la Cour d’appel de Paris, a expliqué Me Baratelli, faisant état d’une «impression d’écoute réelle» de la part des magistrats, qui devront prononcer leurs arrêts le 12 avril 2023.
«Nous avons réellement une grande confiance dans les décisions qui vont être rendues», a affirmé l’avocat, rappelant que dès novembre 2021, la rumeur avait déjà «dégonflé» après que le Premier ministre de l’époque, Jean Castex, avait déclaré à l’Assemblée nationale que le téléphone du président Emmanuel Macron n’a jamais été infecté, après l’avoir soumis aux services français qui l’avaient ausculté et constaté que l’appareil ne comprenait aucune trace d’un logiciel espion.
«Nous savions que c’était faux et, pourtant, en novembre, Le Monde et France Inter continuaient de colporter la rumeur, alors nous avons relancé cinq procédures en diffamation», a ajouté l’avocat.
Pour étayer leurs thèses, certains journalistes avaient déposé plainte au moment même de la diffusion de l’information, une situation «ubuesque et incroyable», a-t-il noté, faisant savoir que cette plainte a été suivie par le parquet de Paris durant un peu plus d’une année.
«Nous avons rencontré la procureure, nous avons alimenté son dossier et nous avons démontré, preuves scientifiques à l’appui –fournies par un collège d’experts en informatique– qu’il était impossible pour le Maroc d’utiliser ce logiciel, si bien qu’au bout d’un an, cette procureure de la République a considéré effectivement que nous étions face à l’une des plus grandes manipulations médiatiques de tous les temps», a-t-il enchaîné.
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Et d’ajouter que les avocats du Royaume en France ont présenté toutes les preuves selon lesquelles le Maroc n’a jamais acheté, acquis ou utilisé directement ou indirectement Pegasus, et la procureure de la République a fini par considérer qu’effectivement il fallait ouvrir ce dossier plus largement et a ouvert une information judiciaire qui a été confiée en septembre 2022 à deux magistrats instructeurs.
«Le Maroc s’est constitué partie civile le 6 février. Nous sommes partie jointe à ce dossier et nous allons pouvoir travailler, main dans la main, avec les juges instructeurs pour démonter complètement cette rumeur et fermer la porte une fois pour toutes de cette rumeur médiatique», a-t-il souligné.
Rappelant avoir déposé dès juillet 2021 une plainte en dénonciation calomnieuse à l’égard de ceux qui accusaient, à tort, le Maroc d’avoir utilisé «Pegasus», Me Baratelli a indiqué qu’un juge d’instruction va être désigné tout prochainement sur cette plainte.
De son côté, Me Rodolphe Bosselut, également avocat du Royaume du Maroc en France, a dénoncé, entre autres, l’absence des listes de téléphones prétendument infectés par le logiciel espion, alors que la défense du Maroc a soumis la méthodologie du laboratoire d’AI à des experts auprès de la Cour de cassation à Paris et de la Cour pénale internationale.
Les experts ont démontré que la traçabilité des investigations techniques menées par Amnesty «n’est pas établie, que le choix des smartphones utilisés n’est pas documenté, que l’intégrité des smartphones expertisés n’est pas documentée, que la traçabilité ne résulte que d’affirmations et que l’approche d’AI ne suit pas les bonnes pratiques en matière d’investigation numérique», a déclaré l’avocat à la MAP, en marge d’une conférence de presse à Paris consacrée aux derniers développements de cette affaire et aux actions judiciaires entreprises par le Maroc.
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Me Bosselut a cité, par ailleurs, le cas du journaliste espagnol Ignacio Cembrero, qui prétendait avoir été espionné par le Maroc à l’aide de «Pegasus» et qui a déposé une plainte en Espagne, relevant que l’affaire a été classée sans suite, faute de preuves scientifiques.
«Ce dernier a remis son téléphone aux autorités espagnoles qui l’ont fait examiner et constaté que son smartphone n’était nullement infecté par Pegasus ni par un autre malware», a indiqué l’avocat.
«Aujourd’hui cette décision est définitive, et Cembrero est poursuivi également pour dénonciation calomnieuse en Espagne et doit réparer le préjudice qu’il a pu causer», a-t-il dit, notant qu’une audience a eu lieu il y a quelques jours et une décision interviendrait prochainement.
Selon Me Bosselut, cette décision «nous conforte dans nos propos, puisque depuis juillet 2021, nous sommes confrontés à une rumeur que nous démontons».
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«Nous partons du principe selon lequel ce n’est pas au Maroc de démontrer qu’il n’a pas acheté ou utilisé Pegasus, mais c’est à ceux qui l’accusent à tort de justifier leurs accusations», a plaidé l’avocat, ajoutant qu’«aujourd’hui, nous sommes 19 mois après les faits, et nous n’avons pas le début du commencement d’un document établissant ce qu’annonce la presse et ce qu’affirment certains médias français».
«C’est quand même extravagant. Ce n’est pas une petite accusation anodine, c’est quand même un reproche d’une gravité extrême. Nous n’avons rien et le peu que nous ayons (c’est-à-dire un rapport du laboratoire d’AI), nous l’avons soumis à des experts judiciaires qui ont l’aval de toutes les juridictions en France, de la Cour de cassation, de la Cour d’appel et même de la Cour pénale internationale, qui disent que la méthodologie du rapport d’Amnesty est mauvaise et qu’ils ne peuvent pas déduire ce qu’ils prétendent déduire. C’est-à-dire qu’il y a eu des infestations avec Pegasus et qu’on puisse relier ces infestations à Pierre, Paul ou Jacques, et a fortiori, au Maroc», a-t-il martelé.
Le fait de braquer les projecteurs sur le Maroc qui a nié dès le premier jour avoir acquis ou utilisé Pegasus, alors que d’autres pays, notamment européens, ont affirmé l’avoir acquis et utilisé, constitue un «paradoxe absolument troublant», selon l’avocat.
À ses yeux, cela «interroge, car ils choisissent mal la partie qu’ils accusent, puisque, précisément, l’État marocain n’a ni acquis ni utilisé Pegasus».