Parties prenantes, objectifs, capacités: tout savoir sur le centre de maintenance aéronautique militaire de Benslimane

Lors de la pose de la première pierre du centre de maintenance aéronautique militaire au Maroc, le 15 octobre 2025.

Un centre de maintenance aéronautique militaire dédié aux F-16 et aux C-130 va bientôt voir le jour à Benslimane. Le projet, porté par Maintenance Aéro Maroc, est le fruit d’un partenariat entre Sabena Engineering, Lockheed Martin et MedZ. Voici ce que l’on sait.

Le 18/10/2025 à 10h30

C’est un chantier stratégique de grande envergure qui marque une étape importante dans la construction d’une capacité nationale de maintenance et de modernisation aéronautique. Le 15 octobre 2025, la première pierre a été posée sur la plateforme de Benslimane, en présence de responsables marocains, de représentants de Sabena Engineering, de Lockheed Martin et de MedZ, ainsi que de hauts responsables des Forces Royales Air. Ce futur site, qui s’étendra sur plus de 8.000 m², abritera un hangar conçu pour effectuer la maintenance lourde et la modernisation des avions F-16 et C-130 Hercules. Mais pas que. Il est également appelé à devenir un centre régional, avec la capacité d’accueillir et d’entretenir des appareils destinés à l’export.

Ce projet s’inscrit dans une logique on ne peut plus claire, celle d’ancrer au Maroc une capacité stratégique de soutien aéronautique, de réduire la dépendance extérieure et de former une nouvelle génération de techniciens spécialisés. C’est ce que nous explique Amine Chafik, directeur général de Maintenance Aéro Maroc.

L’architecture industrielle repose sur deux structures: Maintenance Aéro Maroc (MAM), en charge de l’exploitation et des opérations techniques, et Aeronautic Assets (MAA), société foncière détentrice des infrastructures. Sabena Engineering détient 66% du capital de MAM, contre 34% pour MedZ. Pour MAA, MedZ détient 90% et Sabena Engineering 10%. Cette répartition combine l’expérience industrielle belge et américaine avec l’ancrage institutionnel marocain. L’objectif est de doter le Royaume d’un outil de maintenance aéronautique militaire moderne et autonome, capable de répondre aux besoins présents et futurs des Forces Royales Air.

Un projet préparé depuis 2022

Amine Chafik, DG de MAM, résume le chemin parcouru. «Ce projet est le fruit d’un partenariat entre Lockheed Martin, Sabena Engineering et MedZ, comme acteur institutionnel au Maroc. C’est en 2022 que les premiers accords ont été signés et cela a abouti à la création de deux sociétés. Aujourd’hui, la structure opérationnelle qui s’occupe déjà de la maintenance, de la réparation et de la mise à niveau des avions des Forces Royales Air est au Maroc», explique-t-il.

Le choix de Benslimane s’inscrit dans la stratégie de développement d’une filière aéronautique militaire nationale complémentaire de celle, déjà bien établie, de Nouaceur. Le site doit accueillir les premières opérations lourdes dès la fin des travaux, programmée pour le second semestre 2026, détaille Amine Chafik.

L’infrastructure sera conçue pour accueillir plusieurs avions simultanément. «Quand le hangar sera construit, on pourra avoir jusqu’à 2 ou 3 avions en parallèle. Pour le moment, nous opérons chez les Forces Royales Air. Nous travaillons déjà sur le deuxième avion. Le premier, que nous avons exposé lors de l’événement, était le premier avion fait 100% au Maroc par une entreprise de maintenance marocaine», indique notre interlocuteur.

La première phase concernera la maintenance des C-130 Hercules. La montée en puissance intégrera ensuite les F-16. «Pour le moment, nous opérons sur le C-130, mais très prochainement, nous comptons développer nos activités sur le F-16», précise-t-il. Les installations, conçues selon des standards internationaux, pourront permettre aussi des opérations de modernisation et d’upgrade technologique des appareils.

Une ambition humaine et industrielle

Le projet intègre également un important volet de formation et de recrutement. «Nous visons environ 200 emplois dans les prochaines années. Aujourd’hui, nous poursuivons notre montée en puissance en renforçant nos équipes avec de jeunes talents: mécaniciens, électromécaniciens, peintres aéronautiques, ingénieurs… L’objectif est de disposer, au Maroc, de compétences capables d’assurer localement l’ensemble des opérations de maintenance lourde des avions», souligne Amine Chafik.

Le transfert de savoir-faire est central. «Il y a aussi un volet formation qui est implémenté à terme pour avoir des techniciens spécialisés sur les F-16 et les C-130 au Maroc, à l’aide de nos connaissances qu’on importe de Belgique», poursuit notre interlocuteur.

Pour cela, MAM s’appuie sur un réseau déjà existant. «Nous comptons beaucoup sur l’aide de l’Institut spécialisé dans les métiers de l’aéronautique et de la logistique aéroportuaire (ISMALA) et de l’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA) pour justement pouvoir former les jeunes talents qui veulent rejoindre cette filière. Nous nous insérons dans l’écosystème aéronautique qui existe déjà au Maroc avec le Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS), avec qui nous avons de très bonnes relations. Nous allons opter pour des partenariats stratégiques avec ces écoles», explique le directeur général.

Une première pour l’aéronautique militaire nationale

Ce centre de maintenance militaire est une première pour le Maroc. Il complète le dispositif industriel existant. «Ce sera notre premier centre de maintenance d’aviation militaire. Nous avons une société sœur, Sabca Maroc, qui se trouve à Nouaceur. Là, on ne fait pas de la maintenance mais de l’aérostructure, donc de la construction de pièces aéronautiques et de l’assemblage», note Amine Chafik.

Le périmètre du centre n’est pas figé: «Nous ne sommes pas fermés. Nous pouvons envisager la modernisation d’autres appareils, voire d’hélicoptères. C’est aussi quelque chose qu’on peut faire sur le site de Benslimane.»

Le développement de ce centre s’inscrit dans un contexte favorable. «Le marché de la maintenance aéronautique au Maroc est en plein essor, les chiffres le démontrent. Sous l’impulsion de Sa Majesté le roi Mohammed VI, le secteur au Maroc est toujours en croissance et les besoins de maintenance vont de pair avec la production aéronautique et l’élargissement des capacités militaires des Forces Royales Air», fait savoir Amine Chafik.

L’écosystème aéronautique marocain s’est développé rapidement ces dernières années. Midparc, à Nouaceur, accueille déjà plusieurs dizaines d’entreprises spécialisées dans la fabrication et l’assemblage. Benslimane vient ajouter une brique essentielle: la maintenance militaire.

Un partenariat stratégique avec Sabena et Lockheed Martin

Le projet de Benslimane repose sur une coopération tripartite. Le belge Sabena Engineering apporte son expertise technique, l’américain Lockheed Martin son soutien industriel et technologique et le marocain MedZ son ancrage institutionnel et territorial. «Ce projet représente une alliance stratégique durable. Ce centre ne sera pas seulement une infrastructure, mais la concrétisation d’une vision commune et d’une confiance partagée entre le Maroc, la Belgique et les États-Unis», déclare Stéphane Burton, président-directeur général de Sabena Engineering.

Pour Ray Piselli, vice-président de Lockheed Martin International, le partenariat dépasse les seules considérations industrielles. «Il crée des emplois qualifiés, stimule la croissance et renforce la sécurité commune entre nos nations», affirme-t-il.

C’est pourquoi le centre de Benslimane n’est pas un projet isolé, puisqu’il s’inscrit dans une trajectoire nationale, celle de renforcer la souveraineté technologique du Maroc, de soutenir la modernisation des Forces Royales Air et de créer une filière locale de compétences techniques de haut niveau.

Cette installation, qui entrera en service au second semestre 2026, combinera transfert de technologie, expertise industrielle et formation ciblée. «C’est un projet d’envergure nationale, un projet d’avenir et surtout un projet pour les jeunes talents marocains», conclut Amine Chafik, directeur général de Maintenance Aéro Maroc.

Par Hajar Kharroubi
Le 18/10/2025 à 10h30